dimanche 7 mars 2010

4 - ... et qui ont de lourdes conséquences...

POV Edward :

Elle va se marier…

Prononcer ces quatre mots à voix haute me fit encore plus mal que je ne le croyais. Cela annihilait la magie du fantasme dans lequel je m’étais consciemment enfermé depuis quatre mois. Le charme était rompu, il me fallait admettre une bonne fois pour toutes la vérité, Bella ne sera jamais à moi… Alors pourquoi était-il si difficile d’accepter la réalité ? Pourquoi continuer à me torturer de la sorte ? J’étais définitivement devenu masochiste et fou à lier…
La voix de Kate me ramena brutalement à la surface.

- QUOI ? C’est quoi ce délire ?

Ses grands yeux noisettes étaient emplis de compassion et d’inquiétude à mon sujet.
Je lui rapportais alors les évènements dont j’avais été témoin la veille et m’excusais également de m’être jeté sur elle comme je l’avais fait. Sont-ce la jalousie et la fureur qui m’avaient poussé à réagir de la sorte ? Je n’en savais rien, mais Kate ne méritait pas que je l’utilise ainsi. Alors que j’allais boire au goulot, elle posa sèchement un verre sur la table puis me regarda brièvement en haussant un sourcil.

- Ça fait moins poivrot si tu bois dans un verre !

- Bah tiens ! Y’a une demi-heure tu m’engueulais parce que je picolais, et maintenant c’est toi-même qui m’incites à boire ? T’es montée à l’envers ou quoi ?

- Ah ! Ah ! Non, non, t’inquiète ! Tout tourne à peu près rond chez moi ! C’est juste que… Bah ! Je ne suis ni ta mère, ni ton médecin, alors j’ai pas à te dire c’que tu dois faire où pas ! Mais… Personnellement, je comprends pourquoi tu te torches alors je ne dirais rien, même si j’en pense pas moins…

Elle avait un petit sourire triste aux lèvres et son regard reflétait son sourire, la tristesse. Ses yeux, si semblables à ceux de ma Bel…

- Pfff… Faut que je me change les idées… Tiens, parle-moi de toi !

Elle sembla surprise mais se prêta au jeu sans sourciller.

- Ben… Comme tu le sais, je m’appelle Kate, j’ai 22 ans et je suis infirmière. Ça fait environ 3 mois que j’ai débarqué ici à Seattle et je commence à l’hôpital la semaine prochaine !

- Ah ouais ? T’es venue pourquoi à Seattle, sans indiscrétion ?

- Euh… Et bien je… j’ai suivimonfiancé…

- Tu peux répéter s’il te plait ? J’ai pas tout compris, là.

- J-J’ai suivi mon fiancé…

- QUOI ? T’as un mec dans ta vie et tu m’as suivie hier soir ? Mais t’es complètement barje, ma parole !

- Eh Mister 2 de tens’, j’t’ai rien demandé hein ! Alors si tu veux savoir, oui j’ai quelqu’un dans ma vie. Enfin, je crois… Laurent et moi, ça fait un peu plus de 4 ans qu’on est ensemble et depuis qu’on est venu ici, plus rien ne va…

Une profonde mélancolie envahit son regard puis, comme je l’avais fait pour mon «histoire» avec Bella, Kate me raconta la sienne.

Laurent et elle s’étaient rencontrés à New-York, au lycée alors qu’ils entraient en seconde. Ils s’étaient cherchés pendant un peu plus d’un an et avaient commencé à sortir ensemble vers la fin de leur année de première. Depuis, ils ne s’étaient plus quittés. Kate avait été reçue haut la main à l’école d’infirmières de New-York et Laurent était entré à l’école de journalisme. Il avait toujours rêvé de devenir journaliste sportif et y était parvenu. Ils étaient tout ce qu’il y a de plus heureux jusqu’à ce que Laurent accepte une place à Seattle. L’occasion était magnifique, le Seattle Post offrait à Laurent la place qu’il convoitait depuis toujours, avec un salaire assez conséquent. Kate n’ayant pas terminé sa dernière année, elle était restée à New-York seule pendant 4 mois, pendant lesquels Laurent venait la voir le week-end. Au bout de trois mois, Laurent commençait à avoir un comportement assez étrange. Alors qu’ils entretenaient une relation fusionnelle, il se mettait à être assez froid avec elle. Kate avait mis ça sur le compte de l’éloignement, le vivant mal de son côté également. Une fois son diplôme d’infirmière en poche, Kate avait naturellement rejoint Laurent à Seattle, pensant que tout redeviendrait comme avant. Malheureusement, Laurent était de plus en plus distant avec elle, rentrait souvent très tard le soir, voir parfois pas du tout et était plus que vague dans ses explications.
Des larmes commencèrent à perler aux coins de ses yeux et je lui tapotais l’épaule dans un geste qui, je l’espérais, passait pour réconfortant.

- Et… Euh… Qu’est-ce qui t’as poussée à me suivre hier soir, Kate ?

- J… On devait sortir tous les deux hier soir, et au dernier moment, il m’a appelée en prétextant une réunion de dernière minute. Comme une conne, j’y ai cru ! Alors j’ai appelé des amies pour prendre un verre, elles m’avaient donné rendez-vous au Twilight. En allant au piano-bar, je suis passée devant un restaurant et je l’ai vu… Il était avec sa collègue Irina, seul. Et les regards qu’il lui lançait… Ce genre de regards m’étaient encore réservés, il y a quatre mois…

- Mais c’est peut-être un malentendu ! Peut-être qu’ils dînaient simplement en parlant boulot, non ? Tu as vu s’il se passait quelque chose entre eux ?

- Non… Je ne suis pas restée non plus pendant des heures à les regarder s’observer dans le blanc des yeux. Mais… Je sais qu’il y a quelque chose avec cette fille… Je le sens… Tu trouves ça normal, toi, que ton fiancé ne te touche plus ? Qu’il râle lorsque tu es tendre avec ? Non, ce n’est pas normal. Nous n’avons pas fait l’amour depuis que je suis à Seattle. Pour un peu, je penserai que j’ai la gale ! Et… quand je suis invitée à une soirée organisée par le journal ou que j’y passe simplement pour le voir, je remarque bien les petits gestes qu’ils ont l’un envers l’autre… Mais… Ce qui m’a poussée à me poser des questions, ce sont les regards compatissants et emplis de pitié de ses collègues … Alors quand je les ai vus, hier, j’ai vu rouge, j’ai bu, beaucoup et… Ben quand tu m’as attrapé le bras, j’ai pas réfléchi, j’ai voulu me venger et tu m’offrais une occasion en or… Tu vois, moi aussi dans un sens je me suis servie de toi, on est quitte, comme ça !

- Mouais… On fait une belle brochette surtout !

J’avais mal au cœur pour Kate… Alors que moi je souffrais mille morts à cause d’un amour illusoire, elle souffrait de voir son fiancé lui échapper un peu plus chaque jour. Je n’avais plus qu’une envie, en cet instant, trouver ce Laurent et lui dire le fond de ma pensée. Kate était une fille extraordinaire, mignonne, pleine d’humour, loin d’être une idiote… bref, le genre de nana que tout mec normalement constitué rêverait d’avoir. Et cet abruti ne trouvait rien de mieux qu’aller voir ailleurs ! J’étais dégoûté…
Kate me demanda si elle pouvait se prendre une douche et je lui montrais la salle de bains. Comme elle faisait à peu près la même taille que Rosalie, je pris un slim et une tunique – enfin je crois- dans les affaires de ma future belle-sœur pour les passer à Kate. En parlant de Rose, je trouvais ça vraiment bizarre qu’Emmett et elle ne soient toujours pas rentrés… J’appelai mon frère, et au bout de deux sonneries, je fus basculé sur la messagerie.

Allô ! Allô ! Allô ! Et ben non ! C’est l’répondeur !
J’suis pas là, alors laissez un message !


Emmett devait sûrement être au volant, il détestait répondre au téléphone en conduisant… J’appelai donc Rose et fus également basculé sur la messagerie après une sonnerie…

Bonjour ! Vous êtes bien sur le répondeur de Rosalie,
je ne suis pas disponible pour le moment, merci de laisser un message après le bip.

Mouais… Apparemment, Emmett ne conduisait pas… Ils avaient sûrement mieux à faire ces deux-là ! Peut-être baptiser le nouveau 4X4 de mon frère… Ouais, sûrement!
Kate sortit de la salle de bains et me trouva planté devant le téléphone.

- Merci pour la douche ! Bah, qu’est-ce que tu fais ? Tu comptes fleurette au téléphone ?

Elle me fit un petit clin d’œil malicieux et je ne pus m’empêcher de rire, enfin… ça se rapprochait plus d’une toux mélangée à un bruit de casserole. Putain, c’que ça fait du bien ! En 4 mois, cela ne m’était plus arrivé, ça me fit même bizarre de rire, j’avais l’impression que ça sonnait faux… J’en avais perdu l’habitude…
Apparemment, je devais faire une drôle de tête car Kate m’observait d’une étrange manière.

- Pourquoi tu as l’air à la fois crispé et étonné, Ed ?

- Ben… Parce que j’ai ri…

Les yeux lui sortirent de la tête puis elle explosa d’un rire tonitruant.

- Quoi ? Ne me dis pas que tu n’as jamais ri, je ne le croirai pas !

- Je n’ai pas dis ça, Kate… Simplement que… J’en avais perdu l’habitude, ça fait…

- Mouais, pas la peine de m’en dire plus, j’ai compris… Tu n’as pas rigolé depuis ce jour, hein ?

Je hochais la tête brièvement avant d’essuyer discrètement quelques larmes en passant les mains sur mon visage et dans mes cheveux, mais comme elles menaçaient de me trahir dans un avenir très proche, je prévins Kate que j’allais prendre une douche.

C’est grave ! V’là que j’me transforme en gonzesse chialeuse en prime ! Pathétique…

L’eau chaude m’apaisa légèrement et je restais sous la douche jusqu’à ce que le ballon d’eau chaude soit complètement vide. Je me séchais et m’habillais rapidement avant de rejoindre Kate qui était dans la cuisine. Nous discutions depuis un petit moment lorsqu’elle m’avoua qu’elle n’avait pas envie de rentrer tout de suite et rejoindre son fiancé.

- C’est pas que ça me dérange, Kate. Si tu veux rester ici à écouter les déplorables lamentations d’un pauvre mec pathétique, ça m'dérange pas, mais… Laurent ne va pas s’inquiéter s’il ne te voit pas rentrer ?

- Je ne pense pas… Il n’a même pas appelé pour savoir pourquoi j’ai découché hier soir ! J’ai voulu le joindre lorsque je suis montée prendre ma douche, mais il ne répondait pas !

- Euh… Tu n’essaierais pas de le rappeler ? Peut-être qu’il n’est pas arrivé à temps avant de décrocher ! Ou il a peut-être oublié son téléphone ! Tu lui as laissé un message ?

Elle secoua la tête brièvement en signe de dénégation puis sortit son portable de sa poche. Lorsque je vis qu’elle allait contacter son fiancé, je pris le café que je venais de me servir et allai dans le salon pour lui laisser un peu d’intimité, mais Kate n’y fit pas attention et se baladait partout pendant sa conversation.

- Mon amour ?
- …
- Oui, c’est moi ! Pourquoi, tu connais beaucoup de femmes qui t’appèlent « mon amour » ?
- …
- Non, tout va bien. J’ai juste fait la fête avec des copines hier soir et j’ai un peu trop bu, alors je suis restée sur place. Tu ne m’en veux pas ?
- …
- Ah bon ? Comment ça se fait ?
- …
- Vous avez des réunions la nuit aussi, maintenant ? Mais bien sûr !
- …
- Non, y’a pas de « Kate arrête de te faire des films » ! T’es jamais là ! Et quand tu daignes rentrer à la maison c’est pour regarder la télé ou pioncer !
- …
- Merde Laurent ! Arrête ça ! Au fait, t’étais où hier soir ?
- …
- Hein, hein… Et vous étiez nombreux au bureau ?
- …
- C’est bizarre parce qu’à l’heure où tu étais en réunion avec tes collègues, au bureau, j’ai vu ton sosie et celui d’Irina au « New Moon »…
- …
- Quoi ? Te fous pas de ma gueule, Laurent ! Je sais ce que j’ai vu ! Je…
- …
- Ouais bien sûr… C’est ça, on en discutera plus tard et comme d’hab’, tu te défileras… Allez va bosser ! Ciao !

Kate raccrocha rageusement son téléphone avant de se laisser tomber à genoux et de fondre en larmes. D’après le peu que j’avais compris, son fiancé lui mentait ouvertement… J’en étais malade de voir cette fille si gentille se faire manipuler par ce mec. Je ne connaissais pas Kate, hormis le peu d’informations que nous avions échangé, mais elle ne méritait pas ça…
Je m’approchais d’elle lentement et lui tendis une main pour l’aider à se lever ; elle la prit et se laissa faire. Je lui tapotais le dos quelques instants avant de la traîner dans l’entrée.

- Q-q-qu’est-ce que t-tu f-f-fais Ed ?

Elle sanglotait tellement que ses propos étaient à moitié compréhensibles.

- Allez viens, je connais le remède miracle pour les peines de cœur !

- Ta-ta-t’as entendu no-notre con-conversation ?

- Euh… Oui… Je ne t’espionnais pas mais… Quand tu téléphones, évite de te balader partout si tu ne veux pas qu’on t’écoute !

- Il-il-il m’a mentiiiiiii !

Ses pleurs redoublèrent et je la pris dans mes bras tout en nous balançant de droite à gauche. C’était… bizarre de l’avoir dans mes bras, ce n’était pas sa place… Non, c’était celle de Bel… NON ! Stop Edward ! Elle va se marier, ne l’oublie pas…

- Ssssssssh Kate… Allez viens, on y va.

- Où ça ? Pour faire quoi ?

- Au Twilight, s’en mettre une sévère ! Tu verras, ça fait du bien parfois.

Je lui fis un clin d’œil et elle me rendit un sourire faiblard, mais un sourire tout de même, puis sécha ses larmes tant bien que mal.


POV Jasper :

SCHKLINGZPAF !

- Et merde !

Putain ! C’est le cinquième verre que je casse depuis que je suis arrivé et que j’ai commencé la vaisselle… Foutue tremblote et foutus nerfs à la con !
Pourquoi j’ai ouvert le bar déjà ? Ah ouais, Bella qui me l’a demandé, ou plutôt ordonné…

Il est hors de question que tu loupes le travail et une partie de ton chiffre d’affaire à cause de moi, Jazz. T’inquiète, ça va mieux maintenant… Et ta petite femme reste avec moi, ainsi qu’Emmett et Rosalie. Et Tanya travaille ici, donc je suis bien entourée, ne te fais pas de soucis, Jasper.

Bella… Qu’est-ce que j’ai pu flipper pour elle hier soir ! Je ne suis pas le seul d’ailleurs, toute la bande a eu la trouille de sa vie… La voir convulser et surtout tordue par la douleur à cause des contractions m’avait brisé le cœur et donné des sueurs froides. J’entends encore ses cris à l’hôpital… Pas mes bébés, pitié tout sauf ça ! Sauvez-les ! Par pitié, sauvez-les !
Je vois encore Emmett lui tenir la main en pleurant. Ça m’a fait tout drôle de voir cette montagne de muscles s’effondrer en larmes et pleurer comme une madeleine… On a tous chialé comme des gonzesses de toutes façons… C’est qu’on l’aime notre petite Bella…
J’entends encore les paroles du médecin qui l’avait prise en charge…

C’était juste, vraiment très juste, mais tout est sous contrôle maintenant. Nous allons la garder ici en observation pendant quelques jours pour surveiller les bébés. Nous l’avons déjà placée sous monitoring et je puis vous assurer que hormis quelques contractions de Braxton-Hicks, qui sont sans effet sur l’ouverture du col, Mademoiselle Swann et les bébés vont bien. Je ne vais pas vous cacher que sa faible tension nous préoccupe, mais elle devrait remonter rapidement avec le traitement adéquat. Cependant, il faudra absolument lui éviter toute situation de stress intense ou choc émotionnel. Si cela devait à nouveau se produire, je ne suis pas certain que cette demoiselle pourrait mener sa grossesse à terme. Et pour être tout à fait franc, elle n’est pas encore assez avancée dans sa grossesse pour que l’on puisse envisager un accouchement prématuré sans risques et séquelles pour les enfants…

Putain, je vais lui faire la peau à ce con quand j’le verrai ! Qu’est-ce qu’il lui a pris de faire ça ? Pourquoi ? Cet abruti a failli tuer ses propres mômes et ne le sait même pas ! Qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ?
Bella était déjà malheureuse comme les pierres, mais là, elle est carrément brisée… On dirait une coquille vide… Elle joue les dures devant nous, mais j’ai bien vu son regard cette nuit, mort… Un regard mort et une main fantomatique constamment posée sur son ventre, c’est seulement à ça qu’on voit qu’il y a toujours une petite étincelle de vie chez cette fille…
Ah ! Des clients arrivent, ça va me changer les idées ! En plus, ils s’installent sur les tabourets ! Génial, va falloir que je me tape la discute… Mais bon, ça me fera du bien de penser à autre chose…

- Bonjour M’sieur, dame ! Vous désir… Ah ! C’est toi.

Putain ! Cet espèce d’enculé a le culot de se pointer ici, avec sa pouffe ! Il se prend pour qui celui-là ? Heureusement qu’Emmett n’est pas là, ça ferait désordre deux meurtres dans mon bar…
Calmes-toi, Jazz… Calmes-toi…

POV Edward :

Une quinzaine de minutes après avoir décollé de chez moi, nous arrivions au bar.
Alors que je m’attendais à trouver la bande, il n’y avait que Jazz. Il ne nous avait pas vu entrer, occupé à nettoyer quelques verres et le comptoir. Nous nous installâmes sur des tabourets face à lui.

- Bonjour M’sieur, dame ! Vous désir… Ah ! C’est toi.

Alors que sa voix était on ne peut plus enjouée, elle devint impitoyablement sèche et rude lorsqu’il s’aperçut que c’était moi. Son regard azur si perçant et chaleureux en temps normal était froid et meurtrier lorsqu’il nous fixa, Kate et moi, l’un après l’autre. Jamais je n’aurai pu imaginer voir Jasper avec une mine aussi patibulaire, un regard aussi assassin et parler sur un ton aussi âpre.

- Vous voulez boire quoi ?

Kate blêmit en entendant la voix de Jazz et passa sa commande en bafouillant.

- C’est quoi ton problème, Jazz ?

- Un problème, Edward ? Mais il n’y a aucun problème, voyons ! Où vas-tu chercher ça ?

Il m’avait répondu d’un ton dégoulinant de cynisme à chaque syllabe et son regard mauvais était vrillé au mien.

- Putain Jazz ! Te fous pas de ma gueule ! Qu’est-ce qu’il y a ?

- Mais rien voyons ! Tout va parfaitement bien !

Il me lançait des regards dédaigneux et regardait Kate comme si elle n’était qu’une vulgaire saleté sur sa godasse. Je la vis frissonner, l’ambiance génialissime dans laquelle nous nous trouvions n’y était pas étrangère.
Jasper posa violemment un verre de whisky devant moi avant de retourner à l’essuyage de ses verres et de nous ignorer royalement…
Je me levais si brutalement de mon tabouret qu’il tomba lourdement au sol puis passais derrière le comptoir. J’attrapais le poignet de Jazz et le forçais à me faire face.

- Bordel Jazz ! Tu vas me dire ce qu’il se passe, oui ou merde ?

Il ouvrit des yeux stupéfaits avant que son regard ne redevienne glacial et je vis ses mâchoires se crisper furieusement à cause de la tension ; ses joues frémissaient légèrement, mauvais signe…

- Tu te fous de ma gueule Edward ! Tu oses demander ce qu’il se passe ?

Son regard flamboyait de colère et ses poings étaient étroitement serrés, prêts à cogner. Toute son attitude était menaçante et je ne savais pas pourquoi.

- Ouais, j’ose. Donc je répète, Jazz, qu’est-ce qu’il se passe ?

- Tes neurones sont sérieusement cramés mon gars ! Bah, vu c’que t’as descendu ces derniers mois, c’est pas étonnant…

- Allez ! Encore une énième leçon de morale sur les méfaits de l’alcool !

- Ouais ben t’aurais p’t’être dû nous écouter plus tôt, connard !

- Putain Jasper ! C’est quoi ton problème ?

Il expira et inspira lentement puis passa ses mains sur son visage tout en marmonnant des « calmes-toi, Jazz, calmes-toi ». Il souffla lourdement une dernière fois avant de planter son regard meurtrier dans le mien et de parler d’une voix lente et basse.

- Bella, ça te rappelle quelque chose ? Apparemment pas…
Il me jeta un regard blasé et souffla avant de regarder Kate comme la dernière des merdes.

- Quoi Bella ? Malgré moi, ma voix trembla en prononçant son prénom.

- Comment ça « quoi Bella » ? T’es con ou tu le fais exprès ? Quatre mois que tu nous emmerdes avec ta Bella, que tu te laisses complètement dépérir parce que tu ne l’as pas près de toi et quand tu la vois, tu trouves rien de mieux que te jeter sur la première pouf qui passe ! C’est quoi ton problème Edward ?

- Premièrement, la pouf, comme tu dis, s’appèle Kate et elle ne mérite pas que tu l’insultes gratuitement. Deuxièmement, Bella avait bien mieux à faire que me voir ! Alors ouais, je me suis jeté sur Kate et on s’est barré !

Jazz éclata d’un rire sans joie et me regardait d’un air écœuré, le dégoût suintant par tous les pores de sa peau.

- T’es vraiment qu’un pauvre type, Ed… C’était quoi ton p’tit cinéma d’hier soir ? T’en avais ras le bol de souffrir dans ton coin alors tu t’es vengé sur Bella en levant la première nana qui passait à portée sous ses yeux ? Je ne te pensais pas capable de coups aussi bas…

- Me venger ? Mais tu délires, là !

Alors que le ton montait de plus en plus entre Jasper et moi, et que nous nous apprêtions à en venir aux mains, je vis du coin de l’œil que Kate contournait le comptoir, puis la sentis s’interposer entre nous.

- Euh… Écoutez les gars, je crois que…

- Toi la greluche, on t’a pas sonnée ! Lui cracha Jazz d’un ton sans équivoque.

- Tu lui parles pas comme ça, Jazz ! Elle ne t’a rien fait, alors respecte-la !

- Oh ! Excuse-moi de manquer de respect envers le nouveau grand amour de ta vie ! Parce que c’est comme ça que ça marche chez toi, hein Edward ? Une soirée de beuverie, une nuit au pieu et « boum ! » t’es amoureux fou ! Railla t’il.

- Mais tu délires, Jazz ! Y’a rien entre Kate et moi !

- Mais bien sûr ! Tu lui pourlèches la gueule, la pelotes devant la soi-disant femme de ta vie et l’emmènes chez toi pour baiser, mais y’a rien entre vous ?

- Exactem…

- T’es qu’une saloperie d’hypocrite, Edward ! Tu ne te rends pas compte de tout le mal que tu as causé hier soir ! Tu n’as pas vu l’état dans lequel était Bella après que vous soyez partis ! Tu…

- Mais qu’est-ce que ça peut lui foutre à Bella, hein ? Elle s’en fout de ma gueule, elle va se marier !

Jasper se figea brutalement et son visage fut vide d’expression pendant un bref instant avant qu’il n’explose de rire.

- Quoi ? C’est quoi cette pathétique excuse ?

- Ce n’est p…

- LA FERME VOUS 2 ! Hurla Kate en s’interposant entre nous et en nous écartant l’un de l’autre.

- Toi la pou…

- J’ai dit LA FERME !

Kate passa ses mains dans ses cheveux avant de souffler bruyamment et de nous regarder sévèrement l’un après l’autre.

- Maintenant on va aller s’asseoir, discuter et faire le tri car je crois qu’il y a quelques malentendus entre nous…

- Tu n’as pas à me di…

- Tais-toi et va t’asseoir ! Edward, toi aussi ! Allez, plus vite que ça !

Bon sang ! J’avais vu la Kate railleuse, la Kate marrante, la Kate compatissante et la Kate fragile, mais là, elle me faisait plus penser à un dragon qu’autre chose. Pour un peu, on verrait presque la fumée sortir de ses narines. Elle était carrément effrayante.

Jasper nous lança à chacun un regard méprisant mais finit par s’asseoir à une table et nous le rejoignîmes.

- Bon, premièrement Jasper, je ne suis ni une pouffiasse, ni une greluche. Deu…

- Ouais ! Et mon cul, c’est du poulet !

- La ferme j’ai dit ! Je crois qu’il y a de gros malentendus entre vous deux…

- Ah parce que te faire sauter par Edward c’est un malentendu peut-être ?

- Mais j’ai pas couché avec ! Si tu veux tout savoir, Jasper, on était même pas chez lui depuis cinq minutes qu’il me ronflait à la figure !

Kate riait encore en se rappelant ma tronche ce matin. Quant à Jasper, il la regarda attentivement, cherchant à déceler le vrai du faux dans ses expressions avant de se tourner vers moi. Puis il se figea et son visage prit une expression à la fois choquée et désolante à souhait. Il se tourna vers Kate et plongea son regard, qui s’était incroyablement adouci, dans le sien.

- Euh… Kate, c’est ça ? Ce… C’est vrai ? Vous n’avez pas…

Kate le regarda avec des yeux pétillants de malice et lui raconta, à ma plus grande honte, notre expérience avortée de la veille. Je ne savais pas pourquoi, mais cela avait l’air de soulager Jasper. Il soupira si longuement que je crus qu’il retrouvait son souffle après avoir été écrasé par un éléphant pendant des heures. Enfin, il se tourna vers moi avec un regard empli de tristesse et d’excuses silencieuses.

- Ed… Je suis désolé, je croyais… Mais comment tu voulais que je sache que tu ne l’avais pas culbutée ? Tu lui roules une galoche et la pelotes devant nous, c’était évident que tu allais te la faire ! Pourquoi t’as fait ça, Ed ? Pourquoi tu t’es barré comme ça avec Kate ? J’comprends pas Ed, personne n’a compris…

- J’en sais rien moi-même Jazz… Je crois que… que j’ai voulu passer à autre chose quand je l’ai vue…

- J’comprends pas ! Putain Ed, ça fait 4 mois que tu nous bassines avec Bella, 4 mois que tu ne vis plus, 4 mois que tu nous inquiètes ! Je sais qu’on ne se connaît pas depuis toujours, mais Alice, Rose et moi, on s’inquiète pour toi autant que ton frère ! Pourquoi passer à autre chose alors que tu pouvais enfin l’avoir !

- Bordel Jazz, t’as fumé quoi hier pendant qu’elle était là ? Elle va se marier !

Penser à Bella, en somptueuse robe blanche, au bras d’un autre me fit mal au point où je préférais qu’on m’arrache le cœur… Jasper, lui, me regardait comme si je débarquais d’une autre planète.

- Mais de quoi tu parles, Edward ? Qui va se marier ?

- Ben Bella ! Avec Black…

Kate posa sa main sur mon épaule lorsqu’elle vit mon expression passer de la tristesse au désespoir le plus profond et fusilla Jasper des yeux lorsqu’il explosa de rire.

- Ah ! Ah ! Ah ! Mais où est-ce que t’as été pêcher une idiotie pareille, Eddy ! Oh putain, c’est la meilleure celle-là !

- Merde ! J’t’ai déjà tout raconté ! Tu te rappèles quand je suis revenu ici aussi vite après le ballet, le mois dernier ? C’est parce que je les avais trouvés dans les bras l’un de l’autre… Et hier, elle lui saute au cou en hurlant « oui Jacob ! Bien sûr que je te dis oui ! ». J’étais peut-être rond comme une queue de pelle, mais…

- Ben justement, si tu picolais moins, tu ne te ferais peut-être pas de films…

Jasper me regardait tristement et me parlait comme s’il était en train d’expliquer quelque chose à un gosse de trois ans.

- De quoi tu parles, Jazz ?

- Bella ne va pas se marier, ni avec Jacob, ni avec personne d’autre…

- Expliques-toi !

Jazz se leva et expira lourdement en se tenant le visage dans les mains…

- Putain ! J’leur avais dit que c’était sûrement un malentendu, je m’en doutais… Je suis désolé Edward, je ne suis pas le mieux placé pour t’en parler, je… Bref, rassures-toi, Bella ne se marie avec personne. Et si tu ne te mettais pas carafe tous les jours et que tu nous avais écoutés lorsqu’on t’en parlait, tu le saurais depuis un mois ! Jacob Black va bien se marier, mais pas avec Bella.

Pour la première fois depuis longtemps, j’eus l’impression de pouvoir respirer pleinement. J’avais envie de rire, de chanter, de sourire… jusqu’à ce que je me rappelle de ma connerie monumentale de la veille, devant mon ange… Je me frappais le front sur la table en répétant inlassablement que j’étais le roi des cons et Jasper me mit une tape dans l’épaule avant de se lever.

- Explique-moi, Jazz ! J’ai besoin de savoir pourquoi j’ai tout foutu en l’air ! J’ai besoin de savoir pourquoi Bella a crié « oui » en sautant au cou d’un autre ! J’ai bes…

Ma voix commençait à flancher de nouveau, submergée par les sanglots qui menaçaient de s’échapper. Jasper passa derrière le comptoir et se saisit du téléphone, tandis que Kate me tapotait doucement le genou en me murmurant des « t’inquiète pas, ça va s’arranger ».

- Allo Tanya ? C’est Jasper ! Ça va?
- …
- Mouais bof ! Et Bella ?
- …

POV Jasper :

What’s the fuck ? C’est quoi ce délire?
Il a donc agi par pure jalousie et désespoir ? Putain, j’me doutais bien qu’il y avait un truc pas net là-dessous ! Mais si au moins il nous avait écouté ce con ! Un mois de perdu à cause d’un putain de malentendu… Ils sont vraiment graves ces deux-là, de vrais handicapés des sentiments !
Et cette Kate, j’ai vraiment dû lui foutre la trouille à cette pauvre fille… Elle est quand même correcte, elle a pas cherché à « abuser » d’Eddy et en plus, elle essaye de lui remonter le moral. Remarque, j’aurai bien voulu les voir hier soir, d’après ce qu’elle m’a raconté, ça valait le coup d’œil ! Un Ed rond comme une queue de pelle, qui l’appelle « Bella » et ronfle 30 secondes plus tard, c’est tordant ! Oooh… Il va en entendre parler pendant un bail, celui-là !
Il veut savoir, il veut savoir… J’peux rien lui dire, moi, c’est pas à moi de le faire ! Il est tellement malheureux… Il l’aime plus que tout, ça se voit aussi clairement que le nez au milieu de la figure. Bon, j’vais appeler Tanya, on sait jamais, peut-être qu’elle aura une solution…

- Allo Tanya ? C’est Jasper, ça va ?

- Eeeeh ! Salut Jazz ! Je vais bien et toi ?

- Mouais bof ! Et Bella ?

- Bella va mieux. Enfin… physiquement, ça va. Les bébés sont tirés d’affaire et on l’a transférée au service des grossesses pathologiques.

- Hein, hein… Hein, hein... Pfff… C’est bon alors ?

- Oui, ça va. Sa tension est légèrement remontée et si les monitorings et résultats d’analyses sont bons, Bella devrait sortir demain, après-demain au plus tard.

- Ok ! Ouais, sinon y’a Edward qui est ici…

- QUOI ?! Qu’est-ce que cette sale petite ordure fout ici ? Après ce qu’il a osé faire en plus ! Tu lui en as collé une, j’espère !

- T’énerve pas Tanya ! Tu ne sais pas tout, on s’est bien planté en fait. Je me doutais bien qu’il y avait un énorme malentendu là-dessous, il a cru que Bella acceptait une demande en mariage de Jake…

- Comment ? Jake et Bells ? Faut vraiment qu’il arrête la bouteille ! Ok, je veux bien admettre qu’il a fait une erreur, mais merde ! Y’a eu des conséquences tout de même ! Regarde dans quel état il a mis Bella !

- Ouais, je sais qu’il y a eu des conséquences…

- Tu m’étonnes ! Tu lui as dit où ses conneries avaient conduit la «femme de sa vie» ?

- Non, c’est pas à moi de lui dire. T’as bientôt fini ?

- Je viens juste de finir mon service, pourquoi ?

- Tu pourrais passer au bar ? Qu’on en discute avec lui ?

- Pfff… J’ai pas vraiment envie de voir sa gueule… Mais bon, si nous avons une chance de lui remettre les idées en place pour qu’il se bouge le cul, j’accepte de le voir. Je fais pas ça pour lui, je le fais uniquement pour Bella. Je pourrais être là d’ici… une demi-heure, ça te va ?

- D’ici une demi-heure ? C’est génial ! On t’attend ! Oh, je vais fermer le bar, j’ai vraiment pas la tête à bosser aujourd’hui… Tu fais sonner le téléphone quand t’arrives, ok ?

- Pas de soucis Jasper, je te bipe dès que je suis au coin de la rue. Allez, à tout de suite!

- Ok, à tout’ !

Cool, Tanya va passer ! On va pouvoir mettre les choses à plat avec Edward ! Quoique… il mériterait bien quelques pains bien placés pour ce qu’il a fait ! Si au moins, ça pouvait le pousser à se bouger et aller voir Bella…
Bah qu’est-ce qu’il a à me reluquer comme ça ? J’ai un troisième œil ? Le nez au milieu du front ? Un anus à la place de la bouche ?

POV Edward :

Je n’y comprenais rien. Jasper téléphonant à Tanya… Mon ex ? Impossible, il ne peut pas la connaître ! Et c’était quoi cette histoire de conséquences ? Et son brusque soulagement ? Je nageais en plein brouillard et pourtant, pour une fois, j’étais à peu près sobre…
Jasper ferma le bar puis revint s’asseoir avec nous ; il avait l’air épuisé.

- Euh… Jazz, c’était qui cette Tanya ?

- Bah c’te question, ton ex ! La fille qui est avec Jacob !

- Et… Tu les connais depuis quand ?

- Un peu moins d’un mois, c’est Bella qui nous les a présentés ! D’ailleurs, Emmett et Rose s’entendent très bien avec !

Ne comprenant rien à ce qu’il se passait, je secouais ma tête d’un air dépité et partis me faire un café que j’arrosais d’une copieuse rasade de cognac.
Je retournais m’asseoir avec Jazz et Kate qui discutaient de tout et rien. Jasper n’arrêtait pas de s’excuser auprès d’elle pour son comportement plus que désobligeant et la remerciait de m’avoir remonté les bretelles ce matin. Il fit sacrément la gueule lorsqu’il apprit que Kate était fiancée mais eut de la peine pour elle lorsqu’elle lui expliqua la situation avec Laurent.

- Mouais… Bref, toi aussi t’étais prête à te venger de ton fiancé hier soir en couchant avec le premier venu, en gros !

- Ben… Oui. Quand j’ai vu qu’une fois de plus il m’avait raconté un bobard, j’ai vu rouge et… enfin tu vois !

- Pas génial comme histoire… Et tu vas faire quoi maintenant ?

- Déjà écouter ce que Laurent va encore me sortir comme salade… et si je vois qu’il n’y a plus rien de possible entre nous, me prendre un appart.

- T’as un boulot à Seattle ?

- Je commence la semaine prochaine à l’hôpital ! Mon premier vrai poste !

- L’hôpital ? Tu fais quoi comme boulot ?

- Je viens de passer mon diplôme d’infirmière, spécialisée en néonatalogie. J’aurai préféré devenir pédiatre, mais je n’avais pas les moyens de payer mes études de médecine, et comme je voulais travailler dans le domaine de la médecine infantile, je me suis rabattue sur les soins infirmiers. Mais je ne le regrette pas, j’adore ce métier !

Le téléphone de Jasper sonna une fois et il se leva pour ouvrir la porte du bar.
Tanya fit son apparition en m’assassinant du regard. Elle était toujours aussi belle, mais toujours aussi artificielle.

- Edward.

- Tanya.

Ouais, super ! Miss glaçon venait de faire son entrée…

- Salut Jazz !

Elle lui plaqua une bise sur la joue et lui accorda un sourire éblouissant.

- Salut la belle !

- Mademoiselle.

- Kate, c’est comme ça que je m’appelle.

Tanya nous ignora superbement et se tourna vers Jasper après s’être assise.

- Alors, c’est quoi cette histoire de mariage de Bella ?

Jasper lui raconta donc ce que j’avais vu à deux reprises ou plutôt ce que j’avais cru voir et Kate lui confirma qu’il ne s’était rien passé entre nous. Tanya se calma immédiatement envers ma nouvelle amie, mais elle resta toujours aussi glaciale avec moi…

- T’es vraiment con Edward, tu le sais ça ? Mais bon, je peux admettre que la situation pouvait porter à confusion…

- Mais comment voulais-tu que je le sache ?

- Ben tout simplement en demandant, crétin !

- Mouais, pas con… Mais ça ne m’explique toujours pas ce que Bella faisait dans les bras de Jake le mois dernier, ni le « oui » d’hier !

Je ne m’étais même pas aperçu que les larmes avaient recommencé à couler ; ma voix plaintive et étranglée m’en informa.
Tanya m’observa attentivement pendant quelques instants et son regard finit par s’adoucir. Elle posa sa main sur la mienne et la tapota doucement.

- Eh bé ! Quand les autres m’en parlaient, j’avais du mal à le croire, je ne te connaissais pas comme ça… Tu es réellement mordu, hein ? Pfff… Le soir du ballet, j’étais de service et je voulais absolument parler de quelque chose avec Bella avant qu’elle ne reparte en tournée. Cela faisait quelques années que nous ne nous parlions plus, depuis que je lui avais piqué son petit ami, Jacob, et Bella me manquait, elle avait toujours été ma meilleure amie. Je reconnais que lui piquer son mec était dégueulasse, mais que veux-tu, j’étais une gamine à l’époque… Enfin bref ! Jacob m’a demandée en mariage et je voulais que Bella soit mon témoin. Comme je n’avais aucun moyen pour la contacter, ni téléphone ni adresse, et que je ne pouvais pas le lui demander moi-même, j’ai envoyé Jack. Si tu les as trouvés dans les bras l’un de l’autre, c’est parce qu’ils venaient enfin de faire la paix et Bella était ravie pour Jacob et moi, elle a accepté d’être mon témoin. Elle m’a fait un magnifique cadeau ce jour-là, elle ma redonné son amitié. Et hier soir, elle m’en a fait un plus beau encore… Le « oui » que tu as entendu était bien la réponse à une demande, Edward, mais pas pour un mariage. Elle a accepté d’être la marraine de notre bébé…

Un « oh ! » fut tout ce que je réussis à dire après toutes ces révélations.

Mais qu’est-ce que j’suis con !
J’te l’fais pas dire…

Je regardais Tanya, elle était tout simplement rayonnante de bonheur et caressait tendrement son ventre plat mais porteur de vie.

- Euh… Et bien des félicitations s’imposent, je crois ! Je… je te souhaite tout le bonheur du monde, Tanya, et à Jake, aussi. Tu en es à combien ?

- Oh, c’est le début, j’entame ma septième semaine !

Elle éclata d’un rire joyeux et essuya une larme qui perlait au coin de ses yeux, puis son regard s’attrista et se fixa au mien.

- Tu sais que t’as agi comme le dernier des abrutis, Edward ? Tu ne te rends même pas compte de tout le mal et toute la peine que ce simple malentendu a provoquée… Pourquoi tu n’as pas cherché à t’expliquer avec Bella dès le départ ?

- Je… J’ai… J’en sais rien…

J’enfouis soudainement mon visage entre mes bras posés sur la table tandis que Tanya me frottait le dos.

- Tu sais, Edward, dans le genre prise de tête et « j’me fais des films », tu as toujours fait fort, mais jamais je ne t’avais vu aussi torturé… Même ton propre frère ne te reconnaît plus ! Et honnêtement, ce que tu t’envoies tous les jours n’arrange rien, tu le sais, non ? Ressaisis-toi, bordel et bouge ton cul !

Comme si je ne le savais pas que j’étais torturé… Comme si je ne le savais pas que je ne dessaoulais pas depuis 4 mois… Comme si je ne le savais pas que j’étais le dernier des cons…
Je devais absolument la retrouver, il le fallait à tous prix… Même si je m’attendais à me prendre une sacrée claque suite à ma connerie monumentale d’hier soir, ce qui serait amplement mérité…
Je me perdais dans mes remords et mes regrets tout en me maudissant intérieurement d’avoir tout gâché. Bella ne voudra certainement pas me voir après le spectacle que je lui avais offert la veille et c’était tout à fait compréhensible, mais je devais essayer…

- Euh… Tanya, il faut… il faut que je la voie. Sais-tu où je peux trouver Bella ?

Pour toute réponse, j’entendis deux halètements. Je levais la tête pour voir Jasper et Tanya se regarder droit dans les yeux, comme s’ils conversaient silencieusement. Ils avaient l’air mal à l’aise et ne répondaient, ni l’un, ni l’autre…

- Tanya ! S’il te plaît… Dis-moi où elle est…

Jasper haussa les épaules et lui fit un bref signe de tête, puis Tanya se tourna vers moi et plongea son regard dans le mien. Elle m’observa longuement et me donnait l’impression d’être jaugé. Enfin, elle me fit un petit sourire triste et se décida à me répondre.

- Bella est… Elle est à l’hôpital…

- QUOI ? Qu’est-ce qu’elle a ? C’est grave ? On peut la soign…

Je ne m’étais aperçu que je m’étais brusquement levé, envahi par la panique à l’idée que quelque chose de monstrueux ne soit arrivé à ma douce, que lorsque la chaise se fracassa au sol et que Jasper me ceintura de ses deux bras pour me retenir alors que je fonçais déjà vers la sortie.

- Ed ! Calmes-toi bon sang ! S’écria t’il en me maintenant toujours fermement.

- Edward, Bella va bien, ne t’inquiète…

- Putain Tanya ! Comment tu veux que j’me calme ? Tu m’dis qu’elle est à l’hosto et…

- Oui, je sais, elle est à l’hôpital, mais ça va maintenant ! Elle a eu des… elle a fait un malaise hier soir et on a préféré la conduire à l’hôpital, mais ne t’inquiète pas, maintenant tout est sous contrôle !

- Quoi ? Comment ça « tout est sous contrôle » ? Vous m’cachez quoi, bordel ?

- Rien. On ne te cache rien. Maintenant tu te calmes parce qu’il est hors de question que tu la stresses d’avantage dans son état !

- Qu’est-ce qu’elle a ?

Je n’en pouvais plus. Ils n’arrêtaient pas de me balancer leurs « t’inquiète pas », « faut pas la stresser » alors que ma Bella était clouée sur un lit d’hôpital, dieu seul savait dans quel état ! Et ça voulait dire quoi leurs échanges de regards et le « tout est sous contrôle » ?
Jasper me tenait toujours et Tanya posa ses mains sur mon visage, me forçant à la regarder.

- Écoute-moi, Edward. Bella va bien maintenant. Elle est juste… épuisée et a besoin de se reposer. D’accord ?

Je hochais bêtement de la tête en tentant de digérer l’information mais ne pensais qu’à une chose, la voir. Absolument.

- J-je dois la voir… Je dois lui parler… lui expliquer… m’excuser… Maintenant…

Alors que je filai en direction de la sortie, Jasper m’agrippa le poignet et me retint de force.

- Edward, il n’est pas question que tu prennes la route, t’as bu ! Même si tu es à peu près clean, tu ne peux pas prendre le volant dans cet état…

- Mais je dois la voir !

- Je t’emmène… Vous restez là, les filles ?

Tanya et Kate lui répondirent d’un bref hochement de tête et se mirent à discuter de tout et de rien pendant que je trépignais d’impatience alors que Jasper mettait un temps fou à prendre ses papiers et ses clefs. Une fois dans la voiture et la ceinture attachée, il mit le contact puis démarra. La route jusqu’à l’hôpital me parut épouvantablement longue et je m’inquiétais de savoir dans quel état j’allais trouver ma pauvre Bella…
Enfin, nous arrivâmes à destination ! Jasper me prévint qu’il restait dans la voiture à m’attendre. Je filais à l’accueil. Une hôtesse blonde, siliconée au-delà de l’imaginable et maquillée à outrance me fit un sourire qui se voulait aguicheur en papillonnant des cils.

- Bonjour monsieur, vous désirez un renseignement ?

- Euh… Bonjour. La chambre de mademoiselle Swann, s’il vous plait.

Elle tapota quelques instants sur le clavier de son ordinateur avant de me répondre d’une voix lasse et légèrement déçue.

- Troisième étage, service gynécologie-obstétrique, pathologie couloir B, chambre 348.

Je marmonnais un bref « merci » avant de filer en direction des escaliers, les ascenseurs étant bondés. Je survolais littéralement les marches puis arrivais finalement à l’étage indiqué. Je courus dans le couloir, cherchant la chambre 348. La porte était grande ouverte, Bella était allongée sur son lit, le visage pâle, une main posée sur son ventre, une perfusion accrochée à son bras et des capteurs posés à différents endroits sur son ventre, reliés à une espèce d’oscilloscope, et un homme grand et blond, les cheveux longs noués en catogan et vêtu d’une blouse blanche était assis à côté d’elle, il lui tenait son autre main en lui parlant doucement.

- … laisse-moi être là pour toi, Bella. Surtout maintenant, tu en as besoin… Tu peux compter sur moi, tu le sais.

- Garrett je… je sais mais…

Il la fit taire en posant son index sur ses lèvres. Je brûlais de lui arracher son foutu doigt qui osait souiller le corps de ma déesse…

- Tu sais que je suis fou de toi depuis ce soir-là, Bella… Tu n’as qu’un mot à dire et je suis à toi. Laisse-moi t’aimer, Bella…

Elle lui fit un faible sourire et resserra ses doigts autour de la main de ce « Garrett ». Il posa sa main sur le ventre de mon ange et le caressa doucement. Elle gémit faiblement en prononçant son prénom et il prit cela comme une invitation à l’embrasser. Il s’empara de ses lèvres et Bella se figea. Des larmes roulèrent silencieusement sur ses joues et je me figeais à mon tour, cloué sur place par la douleur, lorsqu’elle s’abandonna à lui et répondit à son baiser. Elle se recula et posa sa main sur la joue de ce type puis ouvrit les yeux.

- Garrett, je…je ne… Edward ?

J’avais dû faire du bruit s’en m’en apercevoir et les grands yeux chocolat de Bella, emplis de souffrance, de tristesse et de surprise s’étaient fixés sur moi. Je fermais les yeux et baissais la tête ; j’avais mal, d’accord, mais je n’avais pas mieux agi la veille… Je devais lui parler, seul à seule, lui dire ce que j’éprouvais pour elle, que je l’aimais à en crever…
J’ouvris les yeux et mon regard se posa sur son ventre. Elle le caressait doucement d’une main et l’autre avait toujours sa main dessus. J’aperçus alors un très léger renflement…
Service gynécologie-obstétrique… le monitoring…
Tu sais que je suis fou de toi depuis ce soir-là… Laisse-moi être là pour toi… Surtout maintenant…
Elle est enceinte… Garrett… Mais quel con !

- Je… je suis content de voir que tu vas bien, Bella… J-je dois y aller… Au-revoir.

Je fis rapidement demi-tour et m’enfuis le plus loin possible… Elle méritait d’être heureuse et apparemment, je n’étais pas celui qu’il lui fallait…
J’aurai pu l’être si je ne m’étais pas fait autant d’idées pendant ces longs mois…
Je quittais au plus vite l’étage et la future parfaite petite famille, faisant abstraction des « Edward » déchirants qui résonnaient dans le couloir…

4 commentaires:

  1. Non mais je rêve, c'est de plus en plus stressant cette fiction. Ils sont vraiment très cons, mais alors, je crois qu'il n'y a pas pire. J'en viens à vouloir que cette fiction s'arrête, ça devient trop difficile à supporter de voir tous ses "malentendus" et "quiprocos" les uns derrière les autres. A ce rythme là, ça risque pas de s'arranger. Je n'en vois pas le bout et ça devient franchement désespérant. Au point que s'en est de plus en plus énervant et ça donne envie d'abandonner. Un peu d'espoir, non ??? Y'a pas moyen ??? Ou alors ils se tirent chacun une balle dans la tête et voilà ! On sent mon stress, là, hein, hein, hein ??? Ils sont aussi cons l'un que l'autre, grave.
    Si ça s'arrange pas très vite, je laisse tomber.

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  2. Ben moi je laisse pas tomber !

    J'ai hate de voir comment ils vont s'en sortir ! :o)

    A bientot pour la suite !

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  3. Ohhhhhhhhhhhhh non mais c'est pas vrai, il es vraiment de plus en plus con sérieux, pourquoi es ce qu'il ai partie si elle l'appelais encore et encore, merde quoi le meilleur moyen de savoir ce qu'il ce passe vraiment c'est de lui parler en tête à tête, j'espère vraiment que sa ne causera pas de dommage irréversible pour la grossesse.

    Moi non plus je ne laisse pas tomber, bien que cette situation me frustre énormément, j'ai trop envie de voir les choses s'arranger entre eux.

    A très vite pour la suite
    Gros bisous

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  4. Mais c'est pas vrai d'être ainsi.
    Et un malentendu de plus. Ils vont arrêter de faire les cons un jours!!!
    Les enfermer daus la même pièces et jeter la clé. Voilà ce que devrait faire les autres.
    Vivement la suite

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