dimanche 9 mai 2010

6 - Se retrouver

POV Edward :

Je suis mort, ce n’était pas possible autrement… Mais ne devrais-je donc pas être en enfer si tel était le cas ? Ou alors, j’avais eu la chance de tomber sur un Dieu enfumé comme un renard qui avait eu pitié de mon âme perdue et m’avait accueilli à bras ouverts au Paradis, car c’est bien là que je suis maintenant…
Ou bien… Peut-être que je rêve ? Oui, certainement. Oui, oui, c’est ça ! Je dors encore et vis un merveilleux rêve ! Quoique… ça peut être aussi un relent d’une des « tisanes » de mon vieux sage… Ah non, ça y’est, je sais ce que j’ai ! Je dois être en pleine crise de delirium tremens ! Mais un fabuleux delirium alors… J’étais en proie aux hallucinations, à la fois magnifiques mais surtout cruelles chimères qui me torturaient une fois de plus… Quoiqu’il en soit, cela ne pouvait pas être réel.
Assise au bord du ruisseau, les pieds dans l’eau, la tête rejetée en arrière et ses longues boucles brunes chatouillant les brins d’herbe, maintenue sur un coude et sa main caressant doucement son ventre légèrement rebondi, le visage baigné de soleil et un sourire éblouissant aux lèvres, Bella était absolument magnifique, encore plus belle que dans mes souvenirs…
Je m’avançais à pas feutrés dans la clairière, me délectant du spectacle fantasmagorique qui se déroulait devant mes yeux. Malheureusement, je brisais ce parfait moment de quiétude et de magie en marchant sur une brindille et fermais les yeux, déjà déçu d’avoir gâché cet instant irréaliste. Un léger chuchotis, sa voix, s’éleva quelques instants dans l’air…

- Ed… Edward? C… C’est bien toi ?

J’ouvris les yeux et croisais son regard choqué, ses yeux étaient écarquillés par la surprise. WOW ! Les « tisanes » de mon vieux shaman au Mexique devaient être sacrément puissantes pour que j’en expérimente encore les effets quelques semaines plus tard, au point de vivre d’aussi parfaites et réelles hallucinations ! La « Bella » que j’observais se leva difficilement tandis que je restais cloué sur place.

- Di-dis quelque chose ! Edward… je t’en prie!

J’étais complètement subjugué par cette délicieuse illusion, sortie tout droit de mon imagination et assortie à mes fantasmes. Elle s’approcha lentement de moi, je pouvais même voir son regard brillant et humide tellement cette hallucination était vivace. Je crevais de savoir si elle était interactive… Je pourrais peut-être lui parler, lui dire à quel point j’étais désolé d’avoir tout gâché entre nous depuis le début… Puis brusquement, je sentis des mains chaudes se poser sur mes joues. Une hallucination… tactile ? Humm, intéressant… mais mauvais pour ma santé mentale, qui continuait à en faire des siennes.

- Edward ! Je t’en prie… tu me fais peur… dis quelque chose !
- Bella ?
- Enfin !

Ses bras frêles s’enroulèrent fermement autour de mon cou et son visage se nicha dans mon torse. Sa délicieuse odeur chatouilla mes narines puis son rire entrecoupé de sanglots s’éleva dans la clairière. J’enfouis mon nez dans ses cheveux et la humais à plein poumon, inspirant profondément et me délectant pleinement de son divin parfum. Elle sent si bon…

- Bella… je ne rêve pas ? C’est vrai ? Tu es bien là ?

Ses bras se resserrèrent étroitement autour de mon cou et elle émit un petit cri étranglé, mélange entre un gémissement et un miaulement.

- Mmmm… oui ! Edward…

Instantanément, mes mains cherchèrent son visage et je les posais sur ses joues humides, les doigts enroulés dans ses longs cheveux bruns. Je levais son beau visage et plongeais mon regard dans ses yeux chocolat brouillés de larmes, miroitant de mille feux et insupportablement brûlant. Le cœur gonflé par l’émotion, je réalisais que je vivais enfin ce dont je rêvais depuis des mois… à savoir la tenir à nouveau dans mes bras.
Timidement, je m’approchais de ses lèvres et sentais son souffle frais et court se faner sur ma peau tandis que je murmurais son prénom inlassablement. Mes lèvres effleurèrent les siennes à quelques reprises avant de s’en emparer franchement. J’avais oublié à quel point elles étaient douces et souples ! Nos lèvres se mêlaient, se démêlaient, s’entremêlaient, se scellaient encore et encore, se mouvant sensuellement au rythme de nos cœurs qui cognaient frénétiquement dans nos poitrines. En l’espace de quelques secondes, j’avais l’impression d’exorciser toute la folie et tout le désespoir qui m’avait habité pendant ces longs mois sans elle, simplement en prenant le temps de redécouvrir ses lèvres suaves qui m’avaient tant manquées. J’oubliais tout en cet instant, il n’y avait plus qu’elle, ma Bella… Malheureusement, le manque d’air se rappela à l’ordre et nous nous séparâmes à bout de souffle, haletant désespérément. Un petit sourire paisible étirait ses lèvres et je posais mon front contre le sien tandis que mes mains exploraient l’arche délicate de son cou et la douce courbe de ses épaules. Je me délectais de sentir sa peau satinée sous mes doigts, de la sentir frémir entre mes bras et de chaque délicieux soupir qui s’échappait de sa bouche. Son profond regard chocolat s’ancra au mien, reflétant toute une palette de sentiments semblables à ceux que j’éprouvais.

- S-si tu savais comme tu m’as manqué, Edward…
- Toi aussi, Bella…
- J-j’ai eu tellement peur de ne plus te revoir…
- Ssssh ma belle, je suis là, maintenant…

Bella sanglotait doucement contre mon épaule tandis que je nous berçais lentement au rythme du vent qui sifflait entre les feuilles, puis je sentis ses mains glisser sur mon torse et ses lèvres dans mon cou ; lorsqu’elles se firent plus aventureuses et que ses doigts cheminèrent sous mon teeshirt, je frémis et enfouis mon visage dans son cou, savourant le parfum délicat et le goût raffiné de sa peau. Bella s’empara de mes lèvres en gémissant, ses mains s’occupant à relever mon teeshirt tout en caressant mon ventre et mon torse. J’étais dans un état second, m’abandonnant aveuglément au plaisir et m’écartais d’elle légèrement afin d’enlever mon maillot. Nos lèvres s’unirent à nouveau et ses mains voyageaient sur mon corps, me laissant pantelant et tremblant de désir. Je caressais sa peau dénudée du bout des doigts et effleurais le léger bout de tissu qui recouvrait sa poitrine ; un adorable soupir souffla contre mon cou lorsque mes mains empaumèrent ses seins que je pétrissais doucement, leurs pointes durcies roulant contre mes pouces, puis mes mains glissèrent sur ses flancs et dans son dos. Bella gémit de frustration puis elle hoqueta légèrement alors que je lui enlevais le haut de son bikini, libérant ses magnifiques seins ronds de leur carcan. J’eus presque un choc lorsque je les vis, je ne me rappelais plus qu’ils étaient aussi… généreux. Je savourais leur texture soyeuse du bout des doigts avant d’en expérimenter le goût, traçant délicatement le contour de ses mamelons du bout de la langue, l’un après l’autre. Bella s’agrippa à mes cheveux, enroulant fermement ses doigts entre mes mèches, et plaqua étroitement son petit corps fragile au mien alors que je suçotais un délicieux téton sucré, taquinant l’autre entre mon pouce et mon index. Bella tremblait et gémissait dans mes bras, et d’une main posée au creux de ses reins, je la maintenais contre moi alors que nous glissions lentement au sol. Sans quitter mon regard l’espace d’une demi-seconde, Bella s’allongea sur l’herbe tendre et je m’emparais de ses lèvres en m’étendant près d’elle, mes mains toujours affairées à caresser ses seins voluptueux. Sa langue dessina les contours de ma bouche avant de glisser lentement sur ma lèvre inférieure et elle gémit à nouveau lorsque ma langue s’emmêla sensuellement à la sienne. Ses mains glissèrent sur mon torse, mon ventre puis se perdirent à la lisière de mon short, caressant mes fesses. Une cuisse se frottant contre mon membre douloureusement tendu et l’autre coincée au-dessus de mon bassin, Bella ondulait contre moi, ses lèvres fougueuses et sa langue passionnée me savouraient langoureusement. Elle se redressa d’un geste vif tout en me débarrassant de mon bermuda et de mon boxer et ma queue se dressa fièrement dans toute sa splendeur, rien que pour elle. Elle défit soigneusement mes lacets puis m’enleva mes chaussures et mes chaussettes, sans jamais rompre notre échange visuel, puis rampa sur moi et reprit mes lèvres fougueusement. Ses seins pressés contre mon torse me donnaient des frissons et rien que d’avoir Bella plaquée contre mon corps me procurait un plaisir des plus intenses. Son bassin ondulait contre le mien et son petit short en jeans me gratouillait le membre, ce qui n’était pas des plus agréables… Je nous fis rouler sur le côté tandis que mes mains glissaient lentement sur son dos, ses reins, son splendide petit cul ferme et alors que j’allais déboutonner son short, je plongeais mon regard dans le sien afin de savoir si je n’allais pas trop loin… Ses yeux s’étaient assombris mais étincelaient d’une lueur que je ne leur avais jamais vue, ils étaient totalement indéchiffrables. Bella me fit un petit sourire lorsque je commençais à déboutonner son vêtement, puis son sourire s’élargit et illumina son beau visage lorsque je glissais lentement son short et le bas de son bikini le long de ses jambes soyeuses. Allongée dans l’herbe, nue et offerte, le corps inondé par les rayons solaires, Bella était magnifique. Je la couvais des yeux, elle m’avait tant manqué ! Un faible gémissement s’échappa de ses lèvres lorsque mes mains se posèrent sur ses cuisses, caressant sa peau douce et délicieusement parfumée et remontant lentement jusqu’au pli de l’aine. Les yeux mi-clos vrillés sur moi, les cheveux éparpillés dans l’herbe telle une corolle autour de son visage, la bouche entrouverte laissant échapper d’adorables soupirs de bien-être, Bella ressemblait à un ange. J’embrassais chastement ses lèvres, puis ses joues, son cou, descendant sur son buste, taquinant ses pointes durcies et gorgées de plaisir du bout de la langue…

- Humm… Edward…

… pendant que mes mains glissaient assurément vers son mont de vénus. J’écartais ses jambes d’un geste vif mais doux, dévoilant à mon regard son intimité luisante de désir et Bella rejeta sa tête en arrière en se mordant la lèvre inférieure alors que je frôlais son ventre du bout des lèvres, puis elle gémit…

- Aaaaah… Edwaaaard…

… lorsque j’enfouis mon visage entre ses cuisses crémeuses, inspirant profondément la délicieuse odeur musquée de son excitation. Son sexe s’ouvrit tel un fruit bien mûr alors que je léchais sa fente de bas en haut puis Bella se cambra violemment lorsque mes lèvres se refermèrent sur son bouton de plaisir et que j’introduisis deux doigts en elle qui coulissèrent aisément avec son humidité plus qu’avancée. Je n’étais plus capable de réfléchir ni même de penser ou d’agir de façon cohérente, j’étais totalement ensorcelé par son exquise essence qui avait envoûté mes sens. Je la lapais avidement, léchant chacun de ses plis avec gourmandise, aspirais, mordillais, suçotais son clitoris pendant que mes doigts allaient et venaient en elle au rythme de nos souffles erratiques. Je me délectais de chaque gémissement, chaque soupir et petits cris émanant de ma belle, une bouffée de bonheur me monta à la tête de savoir que c’était moi qui l’amenais à l’extase, et chaque « Edward » qui s’échappait de sa jolie bouche m’exaltait considérablement. Je gémis lourdement contre son bouton de plaisir lorsque son petit pied fin se pressa contre mon érection terriblement douloureuse, la faisant frétiller sous mon visage. Une main agrippée aux brins d’herbe et l’autre enroulée dans mes cheveux, Bella ondulait frénétiquement sous les assauts combinés et répétés de ma langue et mes doigts, gémissant, haletant et criant inlassablement mon prénom, submergée par des vagues de plaisir de plus en plus intenses, puis son bassin décolla brusquement du sol, littéralement, lorsqu’elle se laissa envahir par son orgasme, se resserrant violemment autour de mes doigts et m’inondant de son nectar.

- Ahan ouiii! Edwaaaard!

Je la fis revenir à moi en douceur, la caressant tendrement et lapant doucement chaque gouttelette de son précieux jus. Bella arracha brutalement mon visage d’entre ses cuisses et se jeta avidement sur mes lèvres, plongea sa langue sans ménagement dans ma bouche et m’embrassa voracement. Putain, comme elle m’avait manqué ! Son goût, ses lèvres, le parfum de sa peau, la douceur de son corps, c’était comme si je redécouvrais ma Bella, la réalité un million de fois plus puissante que mes souvenirs et mes fantasmes. Depuis tout ce temps, je me sentais enfin entier, ici dans la clairière, avec elle. J’avais essayé de vivre sans Bella, de faire abstraction d’elle, de la fuir, et le résultat s’était révélé catastrophique. Je devais me l’avouer, je n’étais rien sans elle. Depuis qu’elle avait déboulé dans ma vie, tel un météore, je ne pouvais concevoir ma vie sans elle, sans ma Bella…
Notre baiser se fit plus tendre mais tout autant passionné, ses lèvres dansaient langoureusement contre les miennes, puis elle posa son front contre le mien, haletant désespérément tout comme moi. Ses prunelles chocolat se vrillèrent aux miennes et son regard se fit suppliant d’un seul coup. Elle posa ses mains sur mes joues puis ferma les yeux, inspirant et expirant lentement pendant quelques secondes, puis les rouvrit, nos regards plongés l’un dans l’autre. Les larmes envahirent ses yeux et elle enfouit son visage dans mon épaule, les mains crochetées dans mon cou, puis se mit à sangloter. Je caressais doucement ses cheveux, cherchant à l’apaiser du mieux que je le pouvais.

- Ed-edward… j’ai eu tellement peur… ne pars plus ! Je t’en supplie, ne pars plus…
- Je te le promets, Bella…
- Ne me quitte pas… plus… Désolée…
- Sssssh Bella… je ne te quitterai plus jamais…

Nous restâmes un long moment étroitement enlacés, allongés dans l’herbe tendre, réchauffés par les rayons du soleil, nous embrassant et nous caressant chastement jusqu’à ce que Bella se calme. Au bout de quelques minutes, Bella se redressa vivement, à mon grand étonnement, puis tourna son magnifique visage vers moi. Elle avait un petit sourire joueur aux lèvres et son regard pétillait de malice. Elle mordilla légèrement le lobe de mon oreille, me faisant frémir, puis elle chuchota d’une voix douce et terriblement sexy…

- C’est mon tour…

… et avant même que je n’aie le temps de réagir, je me retrouvais poussé au sol, Bella agenouillée entre les jambes. Ses mains glissaient sur mon torse, puis mon ventre, mes cuisses, mes genoux, aussi légères que le toucher d’une plume, et ses lèvres suivirent le même chemin, caressant ma peau et me brûlant sur leur passage. Ma queue douloureusement tendue tressautait d’impatience et je gémis lorsque je sentis son souffle frais envelopper mon membre. Bella caressa chaque pli de l’aine du bout de la langue, une vraie torture, puis elle effleura mon érection du bout des lèvres, débutant ainsi mon calvaire… Ses mains glissaient sur mon ventre, mes cuisses et je sursautais de plaisir alors qu’elle léchait doucement mon frein. Elle alliait douceur, délicatesse et lenteur à la perfection et s’amusait à me torturer comme en témoignait le petit sourire narquois qui étirait ses lèvres… Bella déposa une pluie de baisers furtifs sur ma queue et mes bourses, me rendant complètement dingue ; elle recommença son petit jeu, mais cette fois-ci en me léchant, je n’en pouvais plus… J’étais tellement tendu et contracté que je commençais à en avoir mal.

- Aaah… putain ouiii ! Bellaaaa !

Même avec la meilleure volonté, je ne pus m’empêcher de hurler lorsque je me sentis subitement cogner au fin fond de la gorge de ma belle diablesse. Sans que je m’y attende, Bella m’avait brusquement avalé et je la sentis gémir de plaisir de m’avoir dans sa bouche, les vibrations me faisant décoller. Après quelques délicieux va-et-vient sur ma queue, savamment prodigués par ma belle, je peinais à me redresser et finis par me maintenir difficilement sur mes coudes. Si la vision de ma Bella, allongée nue au soleil, avait un caractère angélique, voir ma bite coulisser entre ses lèvres et son regard affamé vrillé au mien était particulièrement sexy et j’avais surtout l’impression d’avoir à faire à un démon lubrique et pervers. Elle suçotait mon gland avec gourmandise, les yeux fermés et gémissant de ravissement comme si j’étais LA friandise par excellence, puis m’avalait de quelques misérables centimètres, allant et venant sur mon membre, avant de recommencer à suçoter mon gland, encore et encore… au point où c’était une pure torture de me retenir de lui attraper les cheveux et de plonger dans sa bouche d’un violent coup de rein. Je m’écroulais au sol, succombant au plaisir que sa langue s’enroulant autour de ma bite, ses lèvres coulissant délicieusement sur ma queue, sa bouche chaude et humide m’avalant goulûment, ses dents raclant de façon tout à fait exquise sur mon chibre me procuraient. L’une de ses mains s’amusait à tracer des arabesques sur mon ventre, me faisant frémir sous les caresses, tandis que son autre main jouait avec mes boules, m’arrachant de fréquents soupirs. Bella me pompait le dard avec ardeur, en y mettant toute son envie, toute sa faim de moi. J’enroulais mes doigts dans ses cheveux et lui grattouillais le crâne, me laissant aveuglément submerger par le plaisir que sa bouche, ses dents, sa langue et ses lèvres m’apportaient…

- Aaah ouiii ! Comme ça… putain ! Bellaaaa…

Sa bouche m’avait intégralement engouffré et mon bassin se rua en l’air de lui-même, cherchant à fusionner ma queue avec la délicieuse bouche de ma beauté. Bella plaqua fermement ses mains sur le haut de mes cuisses pour m’empêcher de bouger et elle recommença à me sucer goulûment, m’aspirant encore et encore, sans relâche. Je n’arrivais plus à contenir cette puissante montée de plaisir et après un dernier sursaut, je me libérais dans sa bouche, envahi par l’orgasme…

- Rhaaa ouiiii ! Bellaaaaaaaa !

… et éjaculais au fond de sa gorge en de longs jets saccadés avant de retomber lourdement au sol, le souffle court, désespérément à la recherche d’un peu d’air. Bella avala tout ce que je lui avais envoyé en gémissant puis me lécha lentement la bite, savourant jusqu’à la dernière goutte de sperme qui y était collée. Elle me relâcha finalement en faisant un « pop » particulièrement audible puis rampa sur mon corps en soupirant. Elle poussa un petit cri de surprise lorsqu’une fois arrivée à mes lèvres, je nous fis rouler au sol afin de la surplomber puis elle gémit alors que je me jetais férocement sur ses lèvres qui s’écartèrent sous la pression des miennes. Je pouvais me goûter sur ses lèvres, sur sa langue, dans sa bouche et combiné à son exquise salive, c’était incroyablement savoureux. Et érotique. Paradisiaque !
Bella ondulait sous mon corps, ses jambes délicieusement musclées, emmêlées aux miennes, ses mains plaquées sur mes fesses cherchant à me faire fusionner avec elle. Je pouvais sentir son intimité détrempée frotter contre mon membre à nouveau dur pour elle, chose qui ne m’était plus arrivée depuis longtemps. Putain, incroyable ! Moi qui me retrouvais avec une libido frôlant le zéro absolu depuis un bail et devais ingurgiter une collection de cachetons qui me rendait limite impuissant, voilà que je bandais comme un âne, prêt pour le second round ! Mais il ne pouvait en être autrement vu le merveilleux et sensuel aphrodisiaque que je tenais dans mes bras…
Bella rejeta sa tête en arrière et m’offrit son cou que je parsemais de baisers et explorais du bout de la langue. Je pouvais sentir la pulsation précipitée de sa jugulaire contre mes lèvres ainsi que les battements frénétiques de son petit cœur contre mon torse et j’étais fier de savoir que j’étais l’instigateur de son état fébrile. Je caressais ses seins voluptueux, lui arrachant de délicieux gémissements, taquinais ses pointes durcies et gorgées de plaisir en les triturant entre mes pouces et index, ses yeux roulaient dans leurs orbites et son corps tanguait sous le mien au rythme de nos caresses en parfaite osmose. Je me pressais en son centre, lui faisant ressentir l’intensité de mon envie et de mon besoin d’elle, récoltant un savoureux soupir au passage. Ses magnifiques prunelles chocolat s’étaient assombries et luisaient de désir, au point où son regard s’était liquéfié, me faisant instantanément fondre pur elle.

- Ed-edward… Je t’en prie!
- Quoi ma belle?
- P-p-p-prends-moi !

Ô joie ! Ô félicité ! Ô allégresse ! Oh putain oui !
Mes rêves devenaient enfin réalité…
Si j’avais cru devenir fou durant ces ignobles longs mois sans elle, sa voix aux accents de supplique réveilla instantanément mon moi démentiel, et alors que je voulais la posséder sauvagement afin d’exorciser toute cette souffrance qui m’avait habitée pendant tout ce temps, je me retins au dernier moment de ne pas la retourner comme une crêpe pour l’empaler brutalement. A la place, je la vénérais de mes mains, caressant ses courbes généreuses et sensuelles, puis fouillais son regard à la recherche d’une quelconque appréhension, mais n’y lus que besoin, envie et amour. Agenouillé entre ses cuisses de porcelaine, je me frottais langoureusement contre ma Bella, la faisant onduler et s’arquer de plaisir, lubrifiant au passage mon membre douloureusement tendu en le passant le long de sa fente à l’humidité plus qu’exagérée.

- Humm… S’il te plait…
- S’il te plait quoi, Bella ?
- A-Arrête de jouer ! Viens… maintenant !

Je me penchais jusqu’à son oreille et mordillais délicatement son lobe avant de lui murmurer un « tout ce que tu veux ma belle » d’une voix rauque et tendue par l’excitation. J’avais l’impression d’être à nouveau un puceau paniquant avant sa première fois avec mes mains moites et mes jambes flageolantes ! Je pris sa bouche une fois de plus, me délectant de la douceur incomparable de ses lèvres et vrillais mon regard au sien, présentant mon bout à son entrée. Son regard suintant de désir ôta les derniers doutes que je pouvais avoir, j’agrippais fermement ses hanches afin de l’empêcher de frétiller comme une anguille et la pénétrais lentement, délicieux centimètre après délicieux centimètre, savourant sa chaleur, sa douceur, son humidité et l’étroitesse de son intimité resserrée autour de ma verge.
Bella était si serrée… si étroite… que j’avais peur de la blesser. Elle gémit lorsqu’elle me sentit en elle et je grognais après avoir buté au plus profond de son antre bouillant et dégoulinant de désir. Je restais quelques instants sans bouger pour qu’elle s’habitue à la sensation de m’avoir en elle, mais surtout pour que je n’explose pas instantanément de plaisir. J’entamais un long et lent va-et-vient, me délectant de la sentir palpiter autour de mon membre, de chaque soupir et gémissement qui s’échappaient de sa jolie gorge et je tentais de lui faire ressentir tout l’amour que j’éprouvais pour elle au travers de notre étreinte. A cet instant, j’étais heureux, vraiment. Il n’y avait plus que Bella et moi, amour et passion, douceur et volupté, seuls au monde. La troisième guerre mondiale pourrait se déclarer que je n’en aurai même pas conscience. Ma raison avait détalé au moment même où je l’avais vue, ici, dans cette clairière, ne laissant plus que mes sens et sentiments me guider. Cramponné à ses hanches comme un noyé à sa bouée, je plongeais en elle, encore et encore, profondément, langoureusement, amoureusement. Bella enroula ses jambes autour de ma taille, m’offrant un meilleur angle qui me permettait d’accéder au plus profond d’elle-même, et elle se cambra violemment lorsque, d’un vif coup de butoir je frappais son point G. Elle était si belle lorsqu’elle s’abandonnait au plaisir !
Mes mains quittèrent leurs prises et je palpais sa poitrine généreuse, roulant et pinçant ses tétons tendus entre mes doigts pendant que je continuais à la marteler en douceur et en lenteur, faisant abstraction de ses « plus fort ! ». Je voulais la torturer de plaisir avant d’accéder à sa requête. Je voulais la faire jouir au moins une fois avant de la rejoindre au summum du plaisir. Je voulais l’entendre me supplier de m’abandonner en elle…
Mes mains glissaient sur la peau douce et souple de son ventre, et alors que je me concentrais sur la cadence de mes incessants va-et-vient pour ne pas exploser de suite, je sentis une espèce de coup contre ma paume. J’avais cru rêver jusqu’à ce que j’en reçoive un autre… et un autre encore… J’étais plutôt confus, ne comprenant pas ce qu’il se passait, mais une succession de petits coups vifs contre mes mains me ramena subitement à la réalité. Je quittais immédiatement notre bulle de bien-être pour revenir difficilement sur Terre et je fermais les yeux, horrifié par ce que j’avais osé faire à Bella. Je desserrais ses cuisses qui me maintenaient fermement et m’échappais du doux et humide fourreau qui enserrait mon membre puis me relevais prestement, attrapant mes vêtements au passage…

- Edward…

Oh putain ça fait mal ! Quelle galère d’enfiler un boxer avec une trique d’enfer !
Je me dégoûtais. J’avais honte de moi, honte de ce que j’avais osé faire subir à Bella ; j’en avais des nausées. Mais quel con ! Enfoiré ! Incapable de penser avec autre chose que sa bite ! Abruti !

- Edward ! Qu’est-ce que…

Jetant un rapide coup d’œil à Bella, je la vis assise, les larmes aux yeux, le regard envahi par l’incompréhension et la peur. Ah ! Tu m’étonnes ! Quand on voit ce que j’ai eu l’audace de lui faire subir…
Je détournais immédiatement mon regard par peur de lire dans celui de Bella le dégoût qui y paraîtrait bientôt.
A force de vivre dans un monde peuplé de rêves et fantasmes, j’avais complètement perdu pied avec la réalité. Pendant un infime et magnifique instant, j’avais complètement oublié que Bella n’était qu’un rêve inaccessible. Ici, dans cette clairière, j’avais oublié que Bella était avec un autre homme et surtout qu’elle attendait son enfant à lui. J’avais totalement occulté le passé pour ne vivre que l’instant présent et j’avais inconsciemment abusé d’elle lors d’un moment de faiblesse. J’avais profité de Bella alors qu’elle était simplement soulagée de me voir entier. J’avais profité d’une faible femme enceinte pour assouvir mes plus basses pulsions et autres instincts primitifs. Je suis un beau salaud.
Je tentais vainement de me calmer et au bout de quelques mouvements respiratoires, je me décidais d’affronter son regard que je devinais désapprobateur et révulsé par mon comportement. Pendant les quelques minutes qu’avait duré ma prise de conscience, Bella s’était rhabillée. J’osais à peine la regarder mais il le fallait. Je devais absolument lui présenter des excuses pour mon comportement vil et abject, même si les paroles ne pouvaient en rien effacer l’acte immonde que j’avais commis.

- Bella je… je suis désolé. Je regrette… Je n’aurai jamais dû…

Je bafouillais, à court de mots pour exprimer mon repentir et croisais son regard, espérant qu’elle lirait dans le mien à quel point je me détestais d’avoir osé commettre… ça. Ses prunelles chocolat d’ordinaire si douces suintaient la fureur et la tristesse et son corps transpirait la colère par tous les pores de sa peau. Sa voix froide, incisive, s’éleva dans l’air, aussi tranchante que le fil d’un rasoir.

- Tu regrettes ?


POV Bella :

Mais ce n’est pas possible ! Je nage en plein cauchemar ! Pincez-moi pour que je sorte de ce mauvais rêve ! Mais qu’est-ce qu’il se passe à la fin ? Je n’y comprends plus rien…
Lorsqu’une brindille cassée avait brisé la quiétude de la clairière et que je m’étais tournée vers la source du bruit, j’avais cru rêver. Edward était là, m’observant à la fois avec vénération, amour et un air hagard. Il ne m’avait ni parlé, ni répondu, il me regardait simplement comme s’il avait peur que je disparaisse à tout instant, il croyait rêver. Puis lorsqu’il s’était enfin décidé à me prendre dans ses bras, il m’avait serrée à m’en briser les côtes. Mais j’étais bien. Parfaitement bien. A ma place. Puis son corps m’avait révélé ce qu’Edward n’était pas capable de me dire : je t’aime.
Il m’avait emmenée au-delà des frontières du plaisir et s’était totalement abandonné à moi lorsqu’à mon tour, je lui avais fait goûter la jouissance. De nombreuses larmes de joie avaient coulé, chez moi comme chez lui. C’était le bonheur parfait. L’instant idéal. Nos retrouvailles, enfin. Puis il m’avait fait l’amour. Lentement. Passionnément. Tendrement. Me transportant dans des sphères orgasmiques. Et brusquement, la magie s’était rompue. Comme ça, en un claquement de doigts. Il s’était subitement écarté, comme si je l’avais brûlé. Il avait ramassé ses vêtements éparpillés au sol avant de se rhabiller en deux temps, trois mouvements, un air de profond dégoût marqué sur le visage, me laissant plantée là, comme un déchet qu’on oublie derrière soi. Puis je l’avais observé tourner dans la clairière tel un lion en cage, marchant à grands pas, se passant les mains sur le visage à s’en arracher la peau et passant les doigts dans ses cheveux de façon répétitive, le regard complètement fou. Edward avait l’air torturé, comme s’il combattait une armée de démons ayant pris possession de son corps et son âme. J’avais mal. Horriblement mal. Je souffrais comme jamais je n’avais souffert. Il m’avait rejetée, dégoûté par ma petite personne. Je ne comprenais rien à la situation, je ne comprenais pas comment il pouvait passer de la passion enflammée à la répulsion totale. Allait-il une fois de plus fuir avant même de m’avoir écoutée ? J’avais peur. Terriblement peur de ne plus le revoir… Puis sa voix s’était faite entendre, totalement détachée bien qu’il bafouille légèrement. Des paroles… que je n’étais pas prête d’oublier.

- Bella… je… je suis désolé… je regrette… je n’aurai pas dû…

Il. Regrette.
Quoi ? Il regrette ce qu’il vient de se passer entre nous ? Il regrette de s’être laissé aller à m’aimer ? Serait-il trop tard, déjà ? Aurait-il rencontré quelqu’un pendant son absence ? Y aurait-il une femme chez lui ? Toutes ces belles paroles des autres sur l’amour passionnel voire obsessionnel d’Edward à mon égard ne seraient donc que du vent ? Et dire que je me plaignais de ne pas avoir l’occasion de lui parler de ma grossesse… Que devais-je faire, maintenant ? Me taire ? Ou briser un couple ? J’étais en colère, à la fois contre moi-même d’avoir eu la bêtise de croire « notre » histoire possible, mais j’étais surtout furieuse contre lui, de m’avoir abandonnée avant même que je n’aie l’occasion de lui parler, de lui avouer mes sentiments, mon amour, ma grossesse, ses enfants…enfin nos enfants. Je voulais le frapper pour m’avoir laissée en plan comme il venait de le faire, tu parles d’un rejet ! En cet instant, je détestais Edward Cullen presque autant que je l’aimais.

- Tu regrettes ?

Il restait planté devant moi, les bras ballants, silencieux, le regard transpirant les regrets et la douleur.

- Et tu regrettes quoi, Edward ? De m’avoir aimée comme tu viens de le faire ? De m’avoir rejetée ? De m’avoir laissée frustrée de plaisir ? Sait-on jamais, tu regrettes peut-être même de m’avoir vue… ou bien encore rencontrée ?

Edward avait l’air choqué par mes paroles et à le voir, j’avais l’impression de l’avoir giflé. Ses yeux s’étaient écarquillés et sa bouche s’était ouverte mais aucun son ne voulait en sortir. Puis son regard s’assombrit subitement bien qu’éclairé par une lueur folle et ses gestes se firent désordonnés.

- Oui ! Euh… Non ! Je… je suis désolé Bella, je… ce… ce n’est pas possible entre nous… je le savais… je n’ai pas pu résister… je…

Ce. N’est. Pas. Possible. Entre. Nous.
La phrase que j’avais tant redoutée…
L’avait-il rencontrée pendant son absence ? L’aimait-il à ce point pour qu’il m’oublie aussi facilement ? Ou alors je n’avais que rêvé ce pseudo amour fou que me portait soit-disant Edward et il n’avait jamais voulu de moi… Je ne sais pas si c’est ma curiosité naturelle qui me poussait à savoir, ou alors une partie de moi excessivement masochiste, mais il fallait que je sache. Je devais savoir.

- Et vous… Vous êtes ensemble depuis longtemps ?

Alors que j’aurai aimé qu’elle soit détachée, ma voix n’avait fait que trembloter. J’avais eu tellement de mal à prononcer ces quelques mots ! Après quelques longues, trop longues secondes de silence, je me décidais à lever les yeux vers Edward, la confusion se lisait clairement sur son visage et son regard avait l’air perdu.

- De… De quoi tu parles, Bella ?

C’était mon tour d’être confuse. J’avais pourtant été claire, non ?

- Je… Tu n’as personne dans ta vie ? (il secoua légèrement la tête en un signe de dénégation) Je ne comprends pas…de quoi tu parles alors lorsque tu dis que ce n’est pas possible entre nous ? Tu… Je pensais que tu avais des sentiments pour moi… Pourquoi regrettes-tu d’avoir répondu aux miens ?

Edward me sembla frappé de mutisme. Il restait cloué sur place, comme s’il avait été frappé par la foudre, puis son corps se tendit soudainement et ce fut à lui de transpirer la colère…

- Quoi ? Tu plaisantes là, j’espère ! Bien sûr que j’ai des sentiments pour toi. Plus que ça, même ! Je suis fou de toi, bordel ! Depuis le premier jour ! Je t’aime à en crever, Bella ! Si tu savais à quel point j’aimerais qu’on puisse construire quelque chose, toi et moi… Mais c’est impossible putain ! Comme si tu ne le savais pas !

Il tournait comme un fauve en cage en faisant de grands gestes brusques et désordonnés, me donnant légèrement le tournis à force de le voir aller et venir dans la clairière.

- Alors pourquoi m’as-tu rejetée si tu m’aimes autant que tu le dis ? Hein ! Pourquoi ?

Edward se retourna d’un mouvement souple et vif, plantant son regard à la fois accusateur et désespéré dans le mien. Son regard flamboyait tellement de douleur et fureur que j’en frémissais.

- Comme si tu ne le savais pas ! Tu sais très bien que nous deux c’est impossible, putain ! Ce n’est pas avec moi que tu devrais être là, maintenant… C’est avec lui !

La folie suintait de son regard et il n’arrêtait pas de passer une main frénétiquement dans ses cheveux, enroulant ses mèches folles autour de ses longs doigts, puis il finit par faire un geste évasif vers mon corps avant de planter un index accusateur sur mon ventre.

- C’est avec son père que tu devrais être… Pas avec moi !

Puis il me lança un dernier regard déchirant avant de s’écrouler à genoux devant moi, les mains posées au sol et la tête baissée. Son corps était secoué par les tremblements et sanglots silencieux. J’avais raison… Il me savait bien enceinte. Mais de Garrett…
Je soufflais de soulagement, sachant maintenant qu’il n’y avait personne de son côté puis m’agenouillais face à lui et posais mes mains sur ses épaules. J’étais terrifiée…
Le moment de vérité venait de sonner…

samedi 10 avril 2010

5 - Hallucinations et honte

POV Edward :

Je traversais le couloir à toute vitesse, courant comme un dératé pour m’éloigner le plus rapidement possible de la source de mon désespoir. Bella… si seulement j’avais osé aller vers elle, faire le premier pas, au lieu de me faire de fausses idées ! Si seulement j’avais été moins con… c’est de moi qu’elle serait enceinte à l’heure qu’il est et non de ce Gadget… si… si… si…
Tous mes rêves, tous mes espoirs venaient de se casser la gueule royalement, me laissant seulement avec un trou béant à la place du cœur.
Je portais vivement une main sur mon visage afin d’essuyer les larmes qui menaçaient de perler aux coins de mes yeux et continuais à courir, sans me rendre compte de là où j’allais, lorsque, brutalement, je percutais un mur. Un mur qui me colla un pain en plein visage…

Eeeh ! Depuis quand les murs rendent les coups ?

- Qu’est-ce que tu fous ici, espèce d’enfoiré ? éructa une grosse voix menaçante et étonnement familière.

Je levais les yeux en direction de la voix et clignais des paupières à quelques reprises avant d’apercevoir avec stupeur le visage à la fois colérique et particulièrement agressif de mon frère. Ses yeux, d’ordinaire si doux et pétillants de malice, lançaient des éclairs et ses lèvres étaient pincées, figées en un rictus excessivement mauvais. Ses bras étaient alignés le long de son corps et ses mains, serrées en forme de poings, tremblotaient.

- Emmett ? Que…
- J’ai dit : qu’est-ce que tu fous ici ?
- Bella… je… je venais voir Bella…

Ma voix me trahit, à la fois cassée par les sanglots qui menaçaient d’éclater, et chevrotante d’émotions à l’idée de l’avoir perdue à jamais, tout ça par ma faute.

- Ah ouais ? T’as voulu voir par toi-même le mal que tu lui as fait hier soir ? Espèce de salopard pathétique… si t’étais pas mon frangin, je te tuerais de mes propres mains…
- Vas-y Emmett… te gêne surtout pas pour moi… puisque j’ai tout gâché encore une fois !


Voyant qu’il ne réagissait pas, toujours figé dans la même position, je repris ma route ; il fallait à tout prix que je m’éloigne de ce lieu maudit… maintenant. De toute façon, je n’y ai plus ma place…

- EH ! Tu crois aller où comme ça ?
- Je me casse Emmett… J’me tire… je n’ai rien, plus rien à faire ici…
- QUOI ? Tu vas laisser Bella se démerder comme ça ? T’as pas l’intention d’assumer quoique ce soit ?

Assumer quoi ? De quoi il parle ?

Son regard affichait clairement l’ébahissement pur et simple, le dégoût, ainsi que la colère froide.

- C’est ce que je fais en me tirant d’ici, justement…
- En fuyant ? Espèce de lâche, pauvre con, sale mauviette, bi…
- Je ne fuis pas, j’assume mes erreurs et vais désormais laisser la parfaite petite famille de la chambre 438 en paix… je… je…

Faut que j’oublie tout ce qui est Elle…

Je ne savais pas quoi dire de plus, je n’en avais pas envie de toute façon… le vide, faire le vide, je n’en demandais pas plus… je repris mon chemin en courant, croulant sous les injures de mon frère qui ne cessait de hurler, entre deux insultes « c’est ça, fuis espèce de lâche ».
Il fallait que je m’éloigne… que je parte… loin… le plus loin d’ici…
Je sortis enfin de l’hôpital et passais en courant devant la voiture de Jasper, sans même lui jeter un regard. Je n’avais pas besoin de sa pitié et de sa compassion, et encore moins de ses discours moralisateurs et empathiques. Je devais partir… loin, très loin d’ici… et ne pas revenir tant que je ne l’aurais pas oubliée… Bella… Ma Bella…
Et ça faisait si mal, putain ! Merde, c’est mon môme qu’elle devrait porter, notre enfant ! Pas celui de l’autre Gadget…je suis persuadé qu’on serait heureux tous les trois…
J’arrivais finalement sur l’artère principale et hélai un taxi ; quelques secondes plus tard, je m’engouffrai dans le véhicule qui s’était arrêté à ma portée. Une vingtaine de minutes plus tard, je jetai un billet de 20 dollars au chauffeur et entrai chez moi, filai dans ma chambre, attrapai un sac à dos que je bourrais de vêtements, pris mon passeport, ma carte bancaire, puis à peine arrivé en bas, je fus stoppé dans mon élan par Kate et Tanya.

- Ed ! Où tu crois aller comme ça ? Qu’est-ce que tu fais ? S’inquiéta Kate.
- Loin… Faut que j’parte d’ici… je…
- Ed, c’est une erreur, tu ne te rends pas compte, tu te trompes…
- Tais-toi Kate, j’ai pas le temps. Garde les clefs et si ça va pas, que t’as besoin d’être au calme ou de réfléchir, viens ici et fais comme chez toi…

Alors que j’atteignais la porte, Tanya me rattrapa et m’agrippa violemment par le poignet.

- Edward ! Calmes-toi bon sang ! C’est un malentendu, je…
- STOP ! Tanya… ça fait plus de quatre mois que je nage en plein « malentendu » comme tu dis et ils m’ont coûté mon idéal et ma santé mentale. Trop, c’est trop, j’ai besoin de… J’ai besoin de faire le point, j’ai besoin de me changer les idées… Je veux juste son bonheur… elle a un avenir heureux qui l’attend avec Gadget et son enfant…
- Ed ! Tu te…

Le reste de ses paroles ne m’atteignit pas tant j’étais pressé de quitter les lieux. Une fois dehors, mon sac sur le dos et mes papiers en poche, je courais jusqu’à la station de métro la plus proche, comme si ma vie en dépendait et pris la rame en direction de l’aéroport. Je pris le premier vol en partance que je pus attraper, un avion pour le Mexique. Pour une première étape, c’est une bonne destination, peut-être que le soleil me réchauffera légèrement le corps et le cœur…mon cœur brisé par tous ces malentendus et allègera un tant soit peu ma peine…ma peine de Bella…
Je regardais par le hublot les immeubles rapetisser, devenir de minuscules petits points pas plus gros que des insectes, toutes mes pensées concentrées sur la merveilleuse jeune femme, allongée dans un lit d’hôpital, et qui donnerait bientôt la vie… d’un autre que moi.


POV Emmett :

Ouf ! Tout va bien… Bella n’a rien… les jumeaux vont bien… Je ne sais pas ce que j’aurai fait s’il leur était arrivé quelque chose…
J’ai passé toute la nuit et toute la matinée ici, à boire des cafés infectes ou tenir la main de Bella lorsque les infirmières ou les médecins m’autorisaient à la voir. Pfff… Faut que j’me rafraîchisse un peu, moi, je commence à sentir le chacal… Bella ne m’en voudra pas que j’utilise la salle de bains de sa chambre, au contraire, ça la soulagera ! Je sais qu’elle ne supporte plus les odeurs fortes et honnêtement, ça fait plus de 24 heures que je traîne dans mes fringues. Allez hop, passage à la boutique de l’hôpital ! J’y trouverai bien un déodorant et un gel douche, non ? Même un teeshirt et un calbut, en cherchant bien !
Ben tiens, c’est à croire qu’il surveille mon départ celui-là ! Garrett… Il m’énerve à draguer ma p’tite belle-sœur ce type… C’est pas qu’il est méchant ou con, non ! Au contraire, il est très sympa… mais Bella est à mon frangin… Enfin… était. J’en reviens toujours pas de c’qu’il a osé faire hier soir… C’était pas mon p’tit frère, ça… Mais qu’est-ce qu’il a bien pu branler ce con ? Pourquoi a-t-il fait ça ? Je ne le reconnais plus… depuis cette nuit où leurs routes se sont croisées, Edward n’est le plus même !
Pff… La vendeuse de la boutique de l’hôpital me fait du gringue. Pas la peine de perdre ton temps, chérie, je suis casé et heureux avec ma Rosalie !
Ma belle n’est pas avec moi : ma petite Rose était crevée, je l’ai envoyée chez Alice et Jasper, qu’elle se repose. Le lutin survolté tombé dans une marmite d’amphétamines quand elle était petite est parti chez Bella pour prendre quelques affaires. Ça doit bien faire deux heures qu’elle a filé, tout ça pour prendre deux jeans, deux teeshirts, deux pulls et quelques sous-vêtements ! Cette Alice est une vraie folle dès qu’on parle vêtements… et la connaissant, elle a dû intégralement vider les placards de Bella et surtout dresser un inventaire de sa garde-robe.
Je remonte jusqu’à l’étage de la chambre de Bella, je l’entends crier et pleurer, elle appelle désespérément mon frère… Je vais lui faire bouffer ses couilles à celui-là quand je le croiserai, c’est tout ce qu’il mérite !
EH ! Mais qu’est-ce que… Putain ! Edward ? Il court tête baissée dans le couloir et ne m’a pas vu arriver, il va si vite que je n’ai pas le temps de l’esquiver et il me percute de plein fouet. Je ne sais pas pourquoi, mais dès que son visage se lève, mon poing part tout seul à la rencontre de sa joue… Il a l’air complètement ahuri et moi, j’ai les nerfs à vif.

- Qu’est-ce que tu fous ici, espèce d’enfoiré ?

Il lève les yeux vers moi et me voit sans me voir puis il cligne des yeux et son visage, tout comme son regard, est vide d’expression, mis à part, à la limite, une légère stupeur. Quant à moi, je suis obligé de serrer les poings pour ne pas l’envoyer aux urgences. Remarque, le chemin pour y aller ne serait pas trop long ! Après ce qu’il a fait, il n’a pas le droit d’être là… Edward ouvre la bouche, la referme, la rouvre, la referme… puis finit par prendre la parole d’une voix lugubre.

- Emmett ? Que…
- J’ai dit : qu’est-ce que tu fous ici ?
- Bella… je… je venais voir Bella…

Sa voix est cassée et tremblotante de je-ne-sais-quoi.

- Ah ouais ? T’as voulu voir par toi-même le mal que tu lui as fait hier soir ? Espèce de salopard pathétique… si t’étais pas mon frangin, je te tuerais de mes propres mains…
- Vas-y Emmett… te gêne surtout pas pour moi… puisque j’ai tout gâché encore une fois !


Il joue à quoi, là ? C’est à croire que Monsieur voudrait que je le plaigne ! Il peut toujours aller se faire foutre ce pauvre con ! Reste calme, Emmett, reste calme… pas la peine de monter sur tes grands chevaux pour un abruti pareil. Eh ! Mais… mais c’est qu’il se barre ce con !

- EH ! Tu crois aller où comme ça ?
- Je me casse Emmett… J’me tire… je n’ai rien, plus rien à faire ici…
- QUOI ? Tu vas laisser Bella se démerder comme ça ? T’as pas l’intention d’assumer quoique ce soit ?

J’hallucine ! Il est allé voir Bella et il se barre, comme ça, comme si c’était normal ! Elle se retrouve avec un polichinelle dans le tiroir - enfin… deux ; elle est très affaiblie par sa grossesse et lui n’y prête pas plus d’attention que si elle n’était qu’un vulgaire coup de bite ! J’y crois pas ! Il apprend qu’il va être papa et s’en branle comme de sa première chaussette !

- C’est ce que je fais en me tirant d’ici, justement…

Mais oui, c’est ça ! À d’autres…

- En fuyant ? Espèce de lâche, pauvre con, sale mauviette, bi…
- Je ne fuis pas, j’assume mes erreurs et vais désormais laisser la parfaite petite famille de la chambre 438 en paix… je… je…

Quoi ? Il « assume ses erreurs » en se barrant ? Mon cul ouais ! Il ne pense qu’à sa gueule ce sale type égoïste ! J’ai honte de partager le même sang que lui… Ben tiens ! Voilà qu’il se barre en courant maintenant !

- T’as raison ! Dégage connard ! Tu ne la mérites pas ! Ils seront bien mieux sans toi ! Allez, c’est ça ! Fuis espèce de lâche !

Sale petit merdeux… Sa sale gueule vient de disparaître au fond d’un couloir. Quoique… après tout, c’est peut-être la meilleure décision qu’il ait pris… la fuite.
Je me retourne pour aller rejoindre la petite Bella et mes futurs neveux et/ou nièces et m’aperçois que tout le monde me regarde, patients, visiteurs, personnel médical. Oups ! Je me suis donné en spectacle… Pas fais gaffe, désolé. Ben quoi ! J’y peux rien, j’suis un impulsif ! Surtout quand je vois l’attitude déplorable de mon propre frangin…
J’arrive dans la chambre de Bella, elle sanglote et se débat tandis que Garrett tente de la repousser pour qu’elle s’allonge ; j’agrippe Bella fermement par les épaules et l’oblige à se remettre au lit.

- Non ! Je dois le voir, je…
- Bella, tu dois rester alitée, pense aux bébés ! Essaye de la raisonner docteur dragueur.
- EDWAAAAAARD ! EEEEDWAAAAAAAAARD !

Ça me déchire le cœur de l’entendre appeler mon fran… l’autre désespérément. Va falloir qu’elle se fasse une raison la p’tite, mais même si l’autre gland n’assume pas, je le ferai ! Eh ! Ce sont mes neveux ou nièces qui se trouvent bien au chaud dans son p’tit bidon !
Je m’assois à côté d’elle sur le lit et la serre contre moi. Elle enfouit son visage dans mon épaule et pleure toutes les larmes de son petit corps pendant que je la berce doucement en lui caressant les cheveux.

- Ssssh Bella… Je suis désolé… Edward ne reviendra pas… Il… il n’a pas l’intention d’assumer, il… enfin, il a bien dû te le dire lorsque vous avez parlé, non ? Mais t’inquiè…
- De quoi tu parles, Emmett ? Nous n’avons pas parlé, il est juste…
- Comment ça ? Mais bien sûr que si vous avez parlé !

Mais de quoi elle parle ? Elle délire, la pauvre…

- Non… Nous n’avons pas parlé… Il… Edward est passé et il nous a surpris avec Garrett… On discutait puis il m’a embrassée et… Edward a dit que… qu’il était content que j’aille bien…
- Quoi ? Mais… Pourquoi il m’a parlé des enfants si…
- Comment Emmett ? Qu… qu’est-ce qu’il t’a dit ?

Bella est tendue et son visage est d’une pâleur cadavérique, elle fait peur à voir. Je lui rapporte la conversation musclée que j’ai eue avec mon frangin et elle plonge son visage entre ses mains, tirant sur les mèches de cheveux qui passent devant ses yeux avant de se remettre à sangloter violemment lorsque je lui dis qu’Edward laissera en paix la « parfaite petite famille »…

- Noooon ! Pourquoi ? Mais pourquoi j’ai fait ça ?
- De quoi tu parles, Bella ?

Ses grands yeux bruns larmoyants plongent dans les miens tandis que docteur dragueur essaye de lui caresser tendrement le visage ; elle le repousse brusquement.

- Je n’ai pas discuté avec Edward… il a surpris ma conversation avec Garrett et… Oh mon dieu… C’est pas vrai !

Bella se fige, les mains jointes devant sa bouche en une prière silencieuse et se remet à pleurer.

- Quoi Bells ! Dis-moi !
- J-j-je pense qu’il croit que Garrett est le père… Nooooon !

Oh merde… c’est la cata.
Au moment où j’attrape mon téléphone pour contacter toute la clique, Bella se relève et essaye de partir. Je l’empoigne et la remets de force au lit puis retourne à mon portable pour envoyer un message à la bande. Le docteur dragueur réconforte Bella en lui parlant à voix basse et je vois la miss se raidir aux paroles de Garrett, j’y prête une oreille un peu plus attentive…

- …ne te mérite pas… tu vaux mieux que ça… pense à tes enfants…
- Je t’ai déjà dit non, Garrett et la réponse reste la même ! C’est lui que je veux… pour moi et pour eux… et je la vois passer une main sur son p’tit bidon.

Bella est en colère et devient une vraie furie avec Garrett. Je m’approche d’eux et tente de comprendre pourquoi elle réagit comme ça face à lui.

- …mais ce mec ne te mérite pas, Bella !
- Arrête ça tout de suite, Garrett ! Tu ne le connais pas. C’est… c’est le père de mes enfants !
- Redescends sur terre, voyons ! Je suis médecin, n’oublie pas. Ce mec a un gros problème avec l’alcool, ça se voit tout de suite ! Tu te retrouveras toute seule avec tes enfants, il sera incapable d’assumer quoique ce soit !

Non mais il se prend pour qui, celui-là ?!

- Eh toi ! C’est de mon frangin que tu parles ! Et il n’a pas de problème de boisson !
- Emmett, ouvre les yeux ! C’est peut-être ton frère, mais c’est aussi un alcoolique ! Bella mérite mieux que ça! Et les jumeaux ont besoin d’un père, pas d’une loque-AÏE!

Je n’ai pas eu le temps de lui coller mon poing dans la gueule, Bella s’en est chargée pour moi. Elle est envahie par la fureur, le visage rouge comme une pivoine, les yeux qui lancent des éclairs et on verrait presque de la fumée sortir de ses narines et de ses oreilles. On dirait une cocotte-minute sous pression. Elle n’a pas ménagé ses forces et secoue sa main en soufflant dessus tandis que Garrett se tient le nez.

- Garrett, je t’apprécie beaucoup, tu es un ami, mais ça s’arrête là. Il n’y aura rien entre toi et moi, ni maintenant, ni demain, ni jamais. J’ai eu un moment de faiblesse tout à l’heure, je n’aurai jamais dû me laisser aller. J’aime Edward et au risque de t’étonner, je suis responsable de son problème d’alcool. J’ai besoin de lui, seulement lui et s’il ne peut pas me retourner mes sentiments, je préfère être seule, parce que c’est lui et ce sera toujours lui. Maintenant, j’aimerai que tu sortes, j’ai besoin de me calmer et je n’y arriverai pas tant que tu seras là.

Le dit Garrett ouvre et referme sa bouche à plusieurs reprises comme un poisson hors de son bocal avant de souffler lourdement en secouant la tête puis de sortir. Bella, quant à elle, retombe dans son lit en pleurnichant alors que je préviens les potes. Jasper arrive comme un dingue en même pas trente secondes. Wow ! C’est Flash Gordon ou quoi ?

- J’étais sur le parking, j’avais déposé Eddy tout à l’heure. Qu’est-ce qu’il se passe ? Je l’ai vu se barrer en courant et prendre un taxi ! Tu lui as parlé, Bella ?

Pour toute réponse, la petite puce redouble de larmes sous le regard surpris de Jasper.

- Jazz, on a un problème…
- Quoi Emmett ?
- Eddy sait que Bella est enceinte mais il ne sait pas que c’est lui le père…


POV Edward :

Cela faisait… trois semaines ? Un mois ? Pff… j’m’en fous… que j’étais à Tijuana, écumant cantinas et bars l’un après l’autre. Je me noyais dans l’alcool jour après jour et dans les femmes… Ou du moins, j’essayais. J’étais tellement rond que ma libido avait atteint le zéro absolu…
Un soir de biture, après m’être fait jeté d’un bar parce que je draguais la fiancée du patron, j’étais tombé sur un étrange vieil homme qui s’approchait résolument de moi. Ce vieux bonhomme était petit, courbé et tordu par les ans et j’étais incapable de lui donner un âge. Ses muscles étaient noueux et sa peau parcheminée et burinée par le soleil. Ses longs cheveux blancs tressés lui tombaient jusqu’à la taille et il était vêtu d’une simple tunique, d’un pantalon en toile, d’un poncho et portait des sandales en cuir râpé aux pieds.
J’étais scié, complètement scié par ce vieux fou qui vint à moi la main tendue et m’apostrophait d’un « salut Edward ! » souriant de toutes ses dents… enfin plutôt des quelques chicots qui restaient dans sa bouche édentée. En l’espace de cinq minutes, il me raconta MA vie. S’il y avait eu des gens autour de nous, ils auraient cru que ce type ne m’avait pas vu depuis des lustres et qu’il me connaissait depuis toujours. Il m’expliqua qu’il avait eu une vision dans laquelle on lui annonçait ma venue et qu’il était là pour m’aider à y voir plus clair… Une vision ? Et quoi encore ! Une boule de cristal et des grigris aussi ?
Ce vieux fou était si cryptique dans ses propos que je n’y comprenais rien ! Il m’emmena avec lui en plein désert, à dos d’âne. Il habitait une maison troglodyte bien cachée à flanc de montagne. Je n’eus pas le temps de découvrir les lieux, la nuit était noire et sans lune et j’étais tellement bourré que je m’écroulais sur une couche en à peine quelques secondes.
Lorsque je m’étais réveillé le lendemain matin, il faisait bon dans la maison. J’entendais des chants étranges venant de l’extérieur et je trouvais mon vieillard devant une espèce de « tente », mélange parfait entre le tipi amérindien et la yourte mongole, en train de psalmodier divers chants tribaux tout en fumant une pipe, croisement entre un shilom* et un calumet de la paix. Il m’accueillit avec un café et un sourire bienveillant ; ses yeux noirs comme la nuit pétillaient de malice et tout en lui révélait une immense sagesse. Il m’expliqua qu’il allait me guider pour mon voyage, mais qu’avant cela, je devais m’y préparer et me purger. Il m’apprit qu’il s’appelait Yahuengo et qu’il était un sorcier Yaqui. Les « esprits » lui avaient donné une mission au cours de sa dernière transe, celle de m’aider à trouver mes réponses. Avais-je au moins les questions ??
Je m’étais mordu les lèvres pour ne pas rire, persuadé que ma famille ou mes amis me faisait une blague ou que j’avais affaire à la caméra cachée, mais peu à peu, je commençais à avoir des sueurs froides tout le long de la colonne vertébrale et être passablement effrayé lorsque Yahuengo me révéla des détails et des faits connus de moi seul… Bien que la peur soit présente, le vieil homme était la gentillesse et la sagesse incarnées, puis au fur et à mesure que s’écoulait cette première journée, je me détendis.
Ensuite, deux jours durant, le vénérable sage me fit boire des tisanes à base d’herbes séchées dont je ne connaissais pas le nom, afin de « purifier » mon organisme et mon âme, puis me fit fumer ses plantes et inhaler certaines vapeurs pour me préparer à mon voyage. C’est dingue ce que je pouvais transpirer ! Mais… je me sentais bien… léger… incroyablement léger… presque serein. Lorsque je lui demandais la raison de ma présence ici, avec lui, le vieil homme restait évasif, me répondant simplement « attends et tu verras ».
Au matin du quatrième jour, il m’amena un bol en terre cuite contenant une boisson étrange et assez épaisse, d’une drôle de couleur, à la fois brunâtre et rougeâtre. L’odeur était vraiment bizarre, ça ressemblait à un mélange de boue et d’herbe coupée. J’étais franchement sceptique quant à ses intentions, mais le vieux shaman me répétait simplement :

- Bois et attends, tu apprendras ce que tu as besoin de savoir. Bois et attends que les réponses viennent à toi.
- Mais quelles réponses, Yahuengo ?
- Bois. Elles viendront à toi…

Je ne savais pas pourquoi, mais je voulais lui faire confiance. Je bus la mixture d’une seule traite, c’était épouvantable. Elle était assez amère, très même et me brûlait l’estomac. Le vieux sorcier partit vaquer à ses occupations, me laissant seul, tandis que j’observais la beauté simple du paysage alentour, bien que le désert en lui-même soit assez austère, puis j’attendis… J’attendis… J’attendis…
Le décor changeait. Au lieu d’une immensité jaune et bleue, désert et ciel, je vis des centaines de nuages filandreux se créer puis passer à la vitesse de la lumière en tournoyant, créant une espèce de vortex étincelant entre la réalité et le rêve. Puis la nature se mit à se métamorphoser, les cactus bougeaient et paraissaient vivants, l’étendue désertique, immuable, intemporelle, prenait vie sous mes yeux, sous mes mains, sous mes pas, les cailloux gonflaient ou rapetissaient et flottaient dans l’air comme des bulles de savon, les quelques touffes d’herbe séchée dansaient comme des flammèches, minuscules feux follets luminescents et vibrants de vie. J’observais béatement la beauté de ce spectacle, et vis des serpents venir à moi et je conversais avec eux. Bien que les reptiles ne m’apprennent rien de nouveau, l’expérience était fabuleuse. Dans un éclat de lucidité, je compris que le shaman m’avait donné un hallucinogène quelconque et je me mis à paniquer… et à me sentir mal… très mal… horriblement mal… terriblement angoissé… oppressé… et brusquement, une voix éthérée, déformée par mon trip, se fit entendre.

- Laisses-toi aller… Ne réfléchis pas… Ne pense pas… Tout va bien… Laisses-toi porter… Tout ira bien…

Je décidais de faire confiance à la Voix et me laissais guider par les couleurs, les formes et les sons… Je déambulais librement dans l’immensité de l’espace et du temps, des bulles aux reflets irisés ayant remplacé les étoiles et les planètes. Je me laissais dériver dans les méandres de la Connaissance au rythme de la mélopée tribale qui retentissait dans les airs et finis par trouver un chemin en contrebas. Je me laissais guider par le grand arc-en-ciel serpentant au sol, par le grand lézard doré qui suivait la route aux sept couleurs et je vis…
Je me retrouvais fugitivement dans le passé avec Bella, je revivais cette nuit-là… puis je vis à nouveau Bella, à chaque fois que nous nous étions croisés… je voyais ces moments comme totalement décomposés et observais les éléments dont je n’avais pas été conscient au départ, tous ces détails absurdes qui avaient engendré tant de malentendus, de malheurs et de peine… Je vis le corps de Bella se déformer subitement puis elle disparût totalement et à la place se trouvait une espèce de sphère… je me retrouvais têtard nageant au milieu des eaux troubles contenues dans la sphère… je vis deux petits points nager avec moi, devenant également têtards, puis bébés… deux bébés reliés par un cordon… tout se mêla dans un maelstrom de couleurs et de formes puis s’évapora… je me revis avec elle, ma Bella, quelques années plus tard… tenant deux enfants par la main… un garçon… une fille… parfaits mélanges de Bella et moi…
J’avais envie de me perdre dans ces images, aller dans cette réalité se jouant devant mes yeux, les rejoindre elle et nos enfants, je voulais y croire et je me laissais glisser dans ce délire illusoire où je me voyais enfin heureux… Je me sentais tellement bien dans ce monde chimérique ! Puis toutes les images se mélangèrent, donnant lieu à une spirale de couleurs vives et chatoyantes et de formes psychédéliques puis je fus brusquement aspiré en arrière, passant à nouveau par le vortex pour me retrouver dans le vide, le néant, le noir. Il n’y avait plus rien, ni personne et je sombrais…
Je sentis quelque chose de frais et humide sur mon front. Je reprenais doucement conscience mais je n’avais toujours pas ouvert les yeux. Je me sentais… bizarre, à la fois lourd et léger, engourdi et alerte, embrouillé et clair… puis j’entendis le rire du vieil homme retentir dans l’air.

- Tu peux ouvrir les yeux, Edward ! Ton voyage est terminé, tu as obtenu tes réponses.
- Hmmm… B’jour ! Ça fait combien de temps que je comate comme ça ?
- En comptant ton voyage ? Quatre jours.

Wow ! J’étais resté inconscient pendant plus de trois jours ? Je m’aperçus que j’étais étendu sur ma couche, seulement vêtu d’un boxer, trempé des pieds à la tête et enveloppé dans une couverture tissée à la main. J’essayais de me lever mais la tête me tournait légèrement et je me sentais faible, aussi je me relevais en position semi-couchée, appuyé sur un coude.

- Non jeune homme. Ton voyage a duré trois jours et il t’a fallu une journée complète pour récupérer.

J’étais bouche-bée devant le vieux shaman qui me donnait l’impression de lire dans les pensées. Mais ce qui me sidérait le plus, c’est que je n’avais pas du tout l’impression d’avoir été déconnecté aussi longtemps de la réalité. Que m’avait donc fait ce vieux bonhomme ?

- Euh… C’était quoi ce truc, Yahuengo ? Qu’est-ce que tu m’as fait prendre ?
- C’est du Jaghé additionné à d’autres choses.
- Du quoi ?

Le vieil homme s’assit près de moi et me tendit un verre d’eau fraîche que je bus avidement, ainsi qu’une bassine. Avant que je lui en demande la raison, de violentes nausées s’emparèrent de moi et la bassine en fut bientôt remplie…

- Le Jaghé nous sert à communiquer avec les esprits, il nous permet également de savoir. Tu avais besoin de réponses, ton voyage t’aura permis de les trouver.
- Mais c’est quoi exactement, ton truc ?
- En général, nous ne nous servons que d’une liane bien particulière. Dans ton cas, j’y ai ajouté un peu de datura et du peyotl afin que tu aies le plus de réponses possibles dans le court laps de temps qui t’était imparti. Maintenant, tu dois te reposer, une longue route t’attend mon ami.

Je n’eus pas le temps de lui demander ce qu’il entendait par-là que je tombais à nouveau dans un profond sommeil…

Yahuengo m’avait raccompagné à Tijuana ce matin et m’avait déposé devant une pension de famille. Je m’étais attaché à cet étrange vieillard, même si je n’avais pas vraiment apprécié qu’il m’ait drogué à mon insu. Quand je pense que le pire que j’avais fait jusqu’à présent était d’avoir fumé un pétard…
Il me fit une franche accolade que je lui rendis, me demandant silencieusement si je le recroiserais un jour.

- On ne sait jamais, mon jeune ami, tout est possible… Prends soin de toi et des tiens maintenant, ne te préoccupe pas de moi. Adieu !

Il remonta sur son âne et reprit la route ; je le suivis des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse au loin, qu’il ne soit plus qu’un infime point à l’horizon, dans le soleil. J’entrais dans la pension et pris une chambre et après y avoir déposé mon sac, je descendis me balader.
Je n’arrêtais pas de penser à ce soit-disant voyage que j’avais fait grâce à lui et je n’en comprenais pas le sens. Tout ce que j’y avais vu me rattachait à Bella, et bien que ce soit ce que je désirais le plus au monde, je savais que c’était une chose impossible. Et puis, il me fallait bien admettre que j’avais eu une expérience hallucinatoire après avoir été drogué, rien de ce que j’avais « vu » n’était vrai ou réalisable, c’étaient de simples hallucinations… Je grognais et entrais dans la première boutique que je trouvais afin d’y acheter quelques bouteilles de tequila et de mezcal puis retournais dans ma chambre m’en mettre une sévère…puisque c’est la seule chose réelle que je sais faire depuis cette nuit, me complaire dans cet idéal alcoolique… Elle ne serait jamais à moi, elle avait sa vie de famille à construire maintenant, avec le père de son enfant…j’en ai des nausées, rien que d’y penser…
Je ressortis de ma chambre à la nuit tombée, complètement torpillé par tout ce que j’avais picolé dans la journée. Faut dire aussi que je n’avais pas bu une seule goutte tant que j’étais avec le vieux bonhomme et les trucs qu’il m’avait fait fumer et ingérer devaient également jouer sur ma perception des choses… C’est en titubant dangereusement et rigolant de mon état que j’entrai dans un bar, attiré par les accords de guitare qui en provenaient. Je m’accoudais au comptoir et commandais une tequila, me demandant qu’elle serait ma prochaine proie pour la nuit. Ce soir, je me sentais en forme et j’espérais sincèrement que ma libido ne me laisserait pas tomber cette fois-ci… Mon regard tomba sur une petite brunette, au visage en forme de cœur qui me rappelait étrangement celui de… Edward, stop ! Je dus fermer un œil pour espérer voir cette femme à peu près clairement, bien que sa forme soit très, très trouble, quand elle n’était pas en double, voir triple exemplaire… Elle avait une quarantaine d’années bien tassé, mais elle était encore bien gaulée et sacrément bandante pour son âge. Toi ma mignonne, ce soir tu passes à la casserole… Je m’approchais d’elle et passais un bras autour de ses épaules.

- Eeeeeeh ! Sa-sa-saluuuuut ma joliiiiiiiie !

Je vis ses lèvres remuer mais je n’y comprenais rien, la musique allait tellement fort !

- Tu-tu-tu viens ? On-on vaaa chez touaaaa ou ché-chez mouaaaaa ?

Ses lèvres continuaient à remuer et ses yeux lançaient des éclairs. Je lui passais la main aux fesses, elles étaient fermes, et je me pris une beigne monumentale.

- Eeeeeh ! Cé-cé-c’est pa-pas la p-p-peine de faire ta sainte nit-nitouche !

Une main ferme se posa sur mon épaule et m’obligea à me retourner, tandis qu’une voix masculine et grave emplissait mes oreilles.

- …Ward ! EDWARD ! Mais qu’est-ce qu’il t’arrive bon sang ?


POV Bella :


Cela faisait maintenant un mois et demi qu’Edward avait disparu. Personne ne l’avait vu depuis qu’il avait quitté précipitamment sa maison, un sac à dos jeté sur les épaules et son passeport à la main. Je me rappellerai toujours de l’intense vague de désespoir qui m’avait submergée lorsque la bande s’était réunie autour de mon lit, à l’hôpital…

Flashback :

Je ne comprenais pas ce qu’il se passait… L’instant d’avant, il était là, voulant apparemment me parler, puis quelques secondes plus tard, il avait disparu. Lorsqu’Emmett me rapporta leur conversation, c’est là que je compris : il avait surpris la conversation avec Garrett, surtout vu le baiser et avait mal interprété les paroles échangées, persuadé que j’étais enceinte du pédiatre… Je ne sais pas ce qu’il s’était vraiment passé ensuite, je me rappelle seulement qu’il y avait eu beaucoup de cris entre Garrett, Jasper et Emmett… Garrett. Mais pourquoi ai-je répondu à ce baiser alors que je n’en avais pas envie ? Lorsque j’avais repris connaissance, Garrett n’était plus là et Rosalie, Alice, Tanya ainsi que la blonde qui était partie avec Edward, la veille, étaient dans ma chambre… Mais qu’est-ce qu’elle foutait là, celle-là ? Elle venait me narguer, hein ! C’est ça…

- Bella ? J-je m’appelle Kate, et avant que tu ne te fasses de fausses idées, je préfère t’apprendre qu’il ne s’est rien passé entre Edward et moi. J-je suis désolée pour hier, je ne savais pas. Tout ce que je peux te dire, c’est que vous avez un gros contentieux à régler tous les deux et qu’il est fou de toi.

Je regardais cette fille que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam et qui avait l’air profondément concernée par tout ce qu’il se passait entre Edward et moi, comme si elle souffrait pour nous. Je ne savais pas quoi lui répondre alors je lui fis un bref signe de tête, espérant qu’elle ne s’en formaliserait pas.
Je regardais ensuite les visages des autres, ils avaient tous cette expression peinée et inquiète dessinée sur le visage. C’est là que j’appris qu’Edward avait quitté sa maison, que Kate et Tanya, une fois mises au courant de la situation, avaient tenté de le stopper dans son élan, mais il ne les avait pas écoutées et était parti en donnant ses clefs à Kate et en jetant son téléphone portable dans la rue…
Je vis alors la pièce et la bande tournoyer autour de moi et me réveillais deux jours plus tard.

Fin flashback

Pendant un peu plus de trois semaines, Edward avait contacté Kate de temps à autre en lui disant qu’il reviendrait une fois qu’il s’en sentirait capable. D’après ce qu’elle avait compris, il était à l’étranger, et loin d’être sobre… Je sentais qu’elle me cachait quelque chose, mais elle me disait constamment que je me faisais des idées. Depuis maintenant trois semaines, Edward ne l’appelait plus, nous n’avions donc plus aucune nouvelle et je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter pour lui, ça me rongeait jusqu’au sang…
Kate était une fille très sympa et très gentille en fait. Elle m’avait raconté pourquoi elle avait fini dans les bras de… dans ses bras, et j’en étais triste pour elle, même si une part de moi en était terriblement jalouse. Elle m’expliqua alors que si elle se démenait autant pour lui et moi, c’est parce qu’elle voyait bien à quel point nous nous aimions et qu’elle refusait qu’un lien aussi fort soit brisé à cause de stupides malentendus…
Un lien fort, j’aurai aimé y croire… J’aurai pu y croire s’il n’était pas parti, s’il n’avait pas coupé les ponts avec nous tous… enfin, hormis Kate, qui, pour lui, était la seule personne qui ne soit pas impliquée dans sa folie…
Si son départ m’avait détruite, la disparition d’Edward m’avait complètement anéantie…
Je ne dormais plus, effrayée par les cauchemars qui m’envahissaient une fois que mes yeux se fermaient, et j’étais angoissée de ne pas savoir où Edward se trouvait et s’il allait bien… J’avais peur pour lui, mais surtout, j’étais terrorisée à l’idée de ne plus jamais le revoir… Toutes ces pensées et émotions négatives n’étaient bonnes ni pour moi, ni pour les bébés. J’avais donc été forcée, à la fois par mon médecin traitant, mon gynécologue, ma sage-femme de meilleure amie et la bande, de me mettre au vert, il fallait absolument que je me détende et la ville n’était apparemment pas ce qu’il y avait de mieux pour ça. Un matin, Emmett avait débarqué en rogne dans mon appartement, avec Rosalie et Alice qui s’étaient empressées d’aller faire mes valises, puis il m’avait emmenée jusqu’à Forks, chez mon père, tout en me prévenant que je devais voir le sien tous les deux jours, à l’hôpital. Emmett m’avait également assuré que son père ne savait pas que j’étais enceinte de ses futurs petits-enfants…
Résultat, cela faisait exactement une semaine que j’étais coincée dans ce trou perdu, à tourner en rond, tandis que Charlie passait son temps à me cocooner et à râler, à la fois heureux de devenir prochainement grand-père, mais acceptant très mal l’idée que sa petite fille chérie devienne mère-célibataire… Quoique, j’étais sûre et certaine que c’étaient les futurs ragots qui allaient courir sur mon compte que mon père ne supportait pas !
Charlie avait pris quelques jours de congés afin de s’occuper de moi, que je me fatigue le moins possible, mais surtout, il me torturait chaque matin en m’obligeant à grimper sur la balance pour contrôler ma prise de poids... Il refusait également que je fasse la cuisine, demandant à une vieille amie de la famille, Sue Clearwater, de passer. Je soupçonnais qu’il y avait quelque chose entre eux, mais Charlie n’avouerait jamais, il était bien trop pudique sur sa vie privée !
En me réveillant ce matin, le soleil filtrait à travers les volets.
Le soleil, un phénomène tellement rarissime à Forks que je comptais bien en profiter et passer la journée dehors ! Je me levais, pris un petit-déjeuner copieux, passais sous la douche, me lavais les dents et m’habillais, revêtant un bikini bleu nuit, un short en jeans délavé, un débardeur noir et une petite veste en jeans, avant de descendre préparer quelques sandwiches. Mon père arriva alors que je laçais mes chaussures de marche, sa canne à pêche à la main et son chapeau remplit de mouches et cuillères sur la tête. Il s’approcha de moi et m’étreignit brièvement.

- Bella ? Qu’est-ce que tu fais, ma chérie ?
- Pas grand chose Char… papa ! Il fait beau, j’ai envie de sortir et…
- Bella ! Tu sais ce qu’ont dit les docteurs Cullen et Gerandy ! Tu dois te reposer au maximum et faire le moins d’efforts…
- Efforts physiques, papa ! Là je vais seulement faire un peu de marche et ensuite me poser avec un bon livre.
- Tu vas où ?
- Hmmm… Je pensais aller à la clairière. C’est calme, personne ne va jamais là-bas et…
- Je ne suis pas rassuré, Bella ! Il y en a pour plus d’une heure de marche et dans ton ét…
- Je ne suis pas malade, papa, je suis enceinte ! Prendre l’air me fera le plus grand bien et…
- Et s’il t’arrive quelque chose ? Les téléphones portables ne passent pas ! Je viens avec…
- NON ! Ecoute papa… Je sais que tu t’inquiètes pour moi, mais je vais bien ! Et… j’ai besoin d’être un peu seule, tu comprends ? Occupes-toi de nous remplir le congèl pour dix ans, ok ?
- Hmpf… d’accord. Mais prends au moins un talkie-walkie avec toi, on ne sait jamais…
- Pap…
- Pour rassurer ton vieux père, Bella ! J’emmène le mien aussi.
- D’accord…

De toute façon, si je voulais avoir la paix, ce n’était pas la peine de discuter ! Charlie grommela quelques instants puis fila dans son bureau pour y prendre le talkie-walkie pendant que je préparais un sac à dos. J’y enfouis un thermos de café –enfin du déca- deux bouteilles d’eau, quelques sandwiches, des biscuits, quelques livres ainsi qu’un pullover bien épais, un pantalon en toile et un coupe-vent. On ne sait jamais, le temps pouvait très bien –et très vite- changer…
Alors que j’avais l’habitude de m’en servir depuis mon plus jeune âge, Charlie m’expliqua comment se servir d’un talkie-walkie et j’avais l’impression d’avoir cinq ans à nouveau. Je montais en voiture avec lui et il me déposa à l’orée de la forêt avant de prendre la route de la Push après qu’il m’ait fait promettre de me trouver au même endroit, ce soir, à dix-huit heures pile. Mouais, j’avais définitivement cinq ans à nouveau…
Je marchais lentement en prenant garde à ne pas trébucher et finis par arriver à la clairière après deux heures de marche, trempée des pieds à la tête ! Je m’extasiais devant la beauté sauvage de ce lieu. La clairière était parfaitement ronde, recouverte d’un tapis de fleurs jaunes, blanches, violettes et bleues et un cours d’eau la traversait au nord, formant comme une espèce de petite plage d’herbe, de fleurs et de cailloux. J’allais m’asseoir au bord du ruisseau qui serpentait à travers cet espace de verdure et me passais un peu d’eau fraîche sur le visage. Ma clairière… Je n’avais jamais emmené personne ici, c’était mon petit coin de paradis à moi, mon jardin secret.
Je transpirais comme une dingue après tous ces kilomètres et comme il faisait assez chaud en ce début de printemps, j’enlevais mon teeshirt afin de le faire sécher sur une grosse pierre plate et restais donc uniquement vêtue de mon short en jeans et de mon haut de bikini. J’enlevais mes chaussures de marche et mes chaussettes, puis trempais mes pieds dans le torrent, appréciant le contraste entre la chaude caresse du soleil sur ma peau et la fraîcheur de l’eau sur mes pieds et mes jambes.
Les loulous dansaient la samba dans mon ventre, ils me donnaient tous les deux des coups de pieds, quoique bébé A était plus agité que bébé B ! Comment ça bébés « A » et « B » ? Je ne connaissais toujours pas le sexe des enfants, je voulais encore attendre un peu avant de le savoir, et je n’avais, de ce fait, pas encore réfléchi aux prénoms… ce que j’aimerais faire avec Edward… Mon estomac se mit à gronder bruyamment et les vibrations avaient dû surprendre les jumeaux qui se remirent à courir un marathon ; je me jetais sur mon sac et dévorais trois sandwiches poulet/crudités, je crevais littéralement de faim, puis mangeais des chips et bus un café. Une fois mon repas terminé, je levais mon visage, contemplant le ciel d’un profond bleu et les quelques nuages moutonneux en rêvassant. Une main posée sur mon ventre qui commençait à s’arrondir timidement, je caressais doucement mon petit bidon en imaginant les jumeaux… Je n’avais pas de préférence, garçon ou fille, je m’en fichais éperdument, mais je ne souhaitais qu’une chose, qu’ils ressemblent à leur père, qu’ils aient tous deux ses splendides yeux d’un intense vert émeraude et cette même tignasse auburn et cuivre. Je souriais béatement en les imaginant parfaites reproductions miniatures d’Edward… Je m’imaginais ici, avec lui et nos enfants, quelques années plus tard… Edward… Il ne quittait jamais mes pensées au point que j’étais persuadée de le sentir près de moi…


POV Edward :

Hmpf… saloperie de soleil !
Pour une fois que je dormais bien, d’un sommeil dépourvu d’angoisses, il a fallu que le soleil pointe le bout de son nez à travers les volets et me chatouille les yeux…
Je grognais, ennuyé par un rayon qui caressait mon visage et me couvris les yeux d’un bras, marmonnant un tas d’insultes à l’intention de l’astre diurne qui m’avait arraché de ce rêve si vivace que je venais de faire… Elle ne quittait jamais mes pensées, et encore moins mes rêves… Bella.
Je restais encore cinq minutes à glandouiller dans mon lit puis jetais un bref coup d’œil au réveil, il était un peu plus de neuf heures. Je me levais rapidement et passais à la salle de bains pour me rafraîchir légèrement le visage afin de m’éclaircir les idées puis retournais dans la chambre et ouvris les volets. Un soleil éclatant illuminait le ciel d’un bleu profond dépourvu du moindre nuage. Ciel bleu et soleil, un phénomène rarissime à Forks !
Je descendis les marches quatre à quatre et me rendis dans la cuisine afin de me servir un café et croisais ma mère qui m’accueillit avec un petit sourire.

- Salut m’man !
- Bonjour mon grand, tu as bien dormi cette nuit, mon chéri ?
- Hmmm…

Je m’assis sur une chaise devant un grand bol de kawa fumant que ma mère venait de poser devant moi, tandis qu’elle me frottait les épaules d’un geste qu’elle espérait réconfortant. Je l’entendis trifouiller dans un tiroir puis quelques secondes plus tard, elle déposa une collection de cachets devant moi.

- Tiens mon chéri, ton père vient de changer ton traitement. N’oublie pas de bien le prendre, d’accord ? Tu sais que tu en as besoin
– Bien sûr que non, je n’ai pas besoin de ça !

Je commençais franchement à m’énerver, je n’avais pas besoin de tous ces cachetons, j’avais simplement besoin qu’on me foute la paix…et non de tous ces discours moralisateurs.

- Edward, s’il te plait… Si tu ne le fais pas pour toi, fais le au moins pour ton père et moi !
- Oui m’man…

Ma mère avait les yeux brillant et s’il y a bien une chose dont je voulais me passer, c’était de la voir pleurer… Je soufflais lourdement et avalais rapidement les pilules qui se trouvaient devant moi sous le regard scrutateur d’Esmée. Elle me sourit et tapota ma joue lorsqu’elle me vit déglutir, tandis que je me renfrognais. Je détestais ce qu’ils me forçaient à avaler, tout ce que je voulais c’était qu’on me foute la paix…
Je retournais dans ma chambre et me jetais sur mon lit, repensant à la raison de mon retour dans cette petite bourgade ennuyeuse et de cette médication forcée… Cela faisait une petite dizaine de jours que j’étais revenu ici, étroitement surveillé par mes parents qui m’avaient retrouvé complètement fracassé dans un bar de Tijuana… Je me rappelais les circonstances de mon retour « catastrophe », envahi par la honte… Vous avez déjà eu envie de vous enterrer au fin fond d’un trou ou de devenir complètement invisible pour échapper à la honte ? Moi oui. Depuis une dizaine de jours d’ailleurs… Depuis que j’avais connu LA honte de ma vie…
Lorsque ce vieux shaman, Yahuengo, m’avait ramené à Tijuana, mon premier réflexe avait été d’acheter un stock d’alcool que je m’étais avalé sur la journée. Le soir, j’étais entré dans un bar, espérant lever un joli p’tit lot, et alors que j’étais beurré comme un p’tit lu, j’avais dragué une nana, une jolie quarantenaire, espérant un temps oublier ma Bella dans ses bras. Si j’avais su, je n’aurais pas bu ou alors, je n’aurais pas dragué cette femme. Pourquoi ? Vous allez rire…
Vous vous rappelez cette jolie petite brunette d’une bonne quarantaine d’années ? Oui ? Ben… c’était ma mère. Ouais, j’étais tellement bourré que je n’avais même pas reconnu ma propre mère et que je l’avais draguée ouvertement !
Je ne me rappelais plus vraiment ce qu’il s’était passé ensuite, mais le lendemain matin, je m’étais éveillé dans une chambre inconnue et alors que j’essayais de me rappeler les circonstances qui m’avaient amené dans cette chambre, je vis mon père, endormi, assis sur une chaise juste à côté de moi. Lorsqu’il s’était réveillé et que son regard s’était posé sur moi, j’y avais lu peine, incompréhension et déception et je ne savais pas pourquoi… enfin, à ce moment-là. Carlisle m’expliqua qu’il avait voulu faire une surprise à ma mère pour leur anniversaire de mariage et il l’avait emmenée au Mexique. Lorsqu’ils m’avaient trouvé dans ce bar, cela faisait seulement trois jours qu’ils étaient là. Lorsque mon père avait vu un homme draguer sa femme, il avait été furieux et voulait lui apprendre à vivre, mais lorsqu’il s’était aperçu que c’était moi, il n’avait rien compris… Il avait bien vu que j’étais ivre et pensais que je voulais seulement m’amuser, mais après avoir appelé Emmett pendant que je dormais, il avait appris que je ne faisais plus que ça depuis quelques mois : picoler, glander et détruire mon existence et celle des autres.
J’avais eu droit à un interrogatoire digne du temps de l’Inquisition voire de la Gestapo « pourquoi tu bois ? » ou encore « et ça t’apporte quoi ? » et aussi « tu ne te rends pas compte que tu te détruis ? » et blablabla… et blablabla… Puis j’avais fini par fondre en larmes dans ses bras et lui expliquer que je buvais pour oublier la femme de ma vie, celle que je n’aurai jamais, celle sans qui je n’arrivais pas à vivre… Il pensait que je lui parlais de Jessica. J’avais oublié que la dernière fois où nous avions réellement parlé, je lui avais annoncé que je souhaitais demander Jess en mariage. Alors je lui ai tout dit. La façon dont Bella et moi nous étions rencontrés, les sentiments obsessifs que j’éprouvais pour elle, tous ces malentendus qui nous avaient constamment séparés mais surtout, la façon dont j’avais tout gâché, inconsciemment, mais que dans un sens, ce n’était pas plus mal puisqu’elle avait sa vie à vivre, mais pas avec moi… Mon père était vraiment triste pour moi et ma mère… Ben… ma mère avait des envies de meurtre à l’encontre de Bella pour tout le mal qu’elle m’avait fait. J’avais beau lui dire que ce n’était pas de sa faute, ma mère n’en démordais pas…
Avant même que je ne m’en aperçoive, j’étais dans un avion pour retourner dans l’état de Washington et le lendemain, je m’éveillais dans mon ancienne chambre d’ado chez mes parents. Mon père m’avait empêché de sortir pendant une semaine et avait vidé le bar, il n’y avait plus une seule goutte d’alcool chez eux, pas même une bière. Il est allé jusqu’à vider les flacons de parfum et balancer l’antigel ! Et je me retrouvais avec une collection de cachetons pour passer le sevrage à peu près tranquillement. D’après lui, j’avais eu beaucoup de chance de ne pas faire une crise de delirium. Ouais, super ! Par contre, les insomnies et les angoisses, je m’en passerai bien… Mon père était devenu fou lorsque j’avais refusé qu’il me traite à l’espéral puisqu’on ne doit surtout pas boire une seule goutte avec ce médicament, les conséquences seraient vraiment désastreuses. Moi, tout ce que je voulais, c’était qu’on me foute la paix… et aussi un bon cognac avec mon café…
Je me passais les mains sur le visage afin d’essayer de me débarrasser de toutes ces idées puis passais à la salle de bains prendre une douche. Il faisait beau aujourd’hui et j’avais envie de prendre l’air. J’enfilais un teeshirt et un bermuda puis descendis me préparer quelques sandwiches. Mes parents arrivèrent tandis que je remplissais un sac à dos avec de l’eau, du café glacé, des chips et mes casses-dalle.

- Edward, tu fais quoi ?
- Il fait beau, j’ai besoin de sortir me changer les idées.
- Tu veux aller où, Edward ?
- C’est bon papa, c’est pas la peine de me fliquer ! Je vais juste à la clairière…

Mes parents échangèrent un regard amusé, ce qui me surprit, puis mon père se tourna vers moi, un sourire entendu aux lèvres.

- C’est une excellente idée, fils. Je suis sûr que ça te fera le plus grand bien !

Je regardais tour à tour les sourires idiots qu’ils avaient aux lèvres puis une idée finit par germer… Tu m’étonnes, c’est surtout à eux que ça fera le plus grand bien d’avoir la maison vide ! Un frisson parcourut mon corps à l’idée de ce que mes parents pourraient faire une fois que je serai parti- beurk ! y’a rien de pire que d’imaginer ses parents au pieu !
Je filais de la maison sans demander mon reste et commençais à courir en direction de mon petit coin de paradis. Après une petite heure de marche, je finis par arriver et m’aperçus avec stupeur et ravissement que je n’étais pas seul…




* shilom : pipe conique utilisée pour fumer de l’herbe.

dimanche 7 mars 2010

4 - ... et qui ont de lourdes conséquences...

POV Edward :

Elle va se marier…

Prononcer ces quatre mots à voix haute me fit encore plus mal que je ne le croyais. Cela annihilait la magie du fantasme dans lequel je m’étais consciemment enfermé depuis quatre mois. Le charme était rompu, il me fallait admettre une bonne fois pour toutes la vérité, Bella ne sera jamais à moi… Alors pourquoi était-il si difficile d’accepter la réalité ? Pourquoi continuer à me torturer de la sorte ? J’étais définitivement devenu masochiste et fou à lier…
La voix de Kate me ramena brutalement à la surface.

- QUOI ? C’est quoi ce délire ?

Ses grands yeux noisettes étaient emplis de compassion et d’inquiétude à mon sujet.
Je lui rapportais alors les évènements dont j’avais été témoin la veille et m’excusais également de m’être jeté sur elle comme je l’avais fait. Sont-ce la jalousie et la fureur qui m’avaient poussé à réagir de la sorte ? Je n’en savais rien, mais Kate ne méritait pas que je l’utilise ainsi. Alors que j’allais boire au goulot, elle posa sèchement un verre sur la table puis me regarda brièvement en haussant un sourcil.

- Ça fait moins poivrot si tu bois dans un verre !

- Bah tiens ! Y’a une demi-heure tu m’engueulais parce que je picolais, et maintenant c’est toi-même qui m’incites à boire ? T’es montée à l’envers ou quoi ?

- Ah ! Ah ! Non, non, t’inquiète ! Tout tourne à peu près rond chez moi ! C’est juste que… Bah ! Je ne suis ni ta mère, ni ton médecin, alors j’ai pas à te dire c’que tu dois faire où pas ! Mais… Personnellement, je comprends pourquoi tu te torches alors je ne dirais rien, même si j’en pense pas moins…

Elle avait un petit sourire triste aux lèvres et son regard reflétait son sourire, la tristesse. Ses yeux, si semblables à ceux de ma Bel…

- Pfff… Faut que je me change les idées… Tiens, parle-moi de toi !

Elle sembla surprise mais se prêta au jeu sans sourciller.

- Ben… Comme tu le sais, je m’appelle Kate, j’ai 22 ans et je suis infirmière. Ça fait environ 3 mois que j’ai débarqué ici à Seattle et je commence à l’hôpital la semaine prochaine !

- Ah ouais ? T’es venue pourquoi à Seattle, sans indiscrétion ?

- Euh… Et bien je… j’ai suivimonfiancé…

- Tu peux répéter s’il te plait ? J’ai pas tout compris, là.

- J-J’ai suivi mon fiancé…

- QUOI ? T’as un mec dans ta vie et tu m’as suivie hier soir ? Mais t’es complètement barje, ma parole !

- Eh Mister 2 de tens’, j’t’ai rien demandé hein ! Alors si tu veux savoir, oui j’ai quelqu’un dans ma vie. Enfin, je crois… Laurent et moi, ça fait un peu plus de 4 ans qu’on est ensemble et depuis qu’on est venu ici, plus rien ne va…

Une profonde mélancolie envahit son regard puis, comme je l’avais fait pour mon «histoire» avec Bella, Kate me raconta la sienne.

Laurent et elle s’étaient rencontrés à New-York, au lycée alors qu’ils entraient en seconde. Ils s’étaient cherchés pendant un peu plus d’un an et avaient commencé à sortir ensemble vers la fin de leur année de première. Depuis, ils ne s’étaient plus quittés. Kate avait été reçue haut la main à l’école d’infirmières de New-York et Laurent était entré à l’école de journalisme. Il avait toujours rêvé de devenir journaliste sportif et y était parvenu. Ils étaient tout ce qu’il y a de plus heureux jusqu’à ce que Laurent accepte une place à Seattle. L’occasion était magnifique, le Seattle Post offrait à Laurent la place qu’il convoitait depuis toujours, avec un salaire assez conséquent. Kate n’ayant pas terminé sa dernière année, elle était restée à New-York seule pendant 4 mois, pendant lesquels Laurent venait la voir le week-end. Au bout de trois mois, Laurent commençait à avoir un comportement assez étrange. Alors qu’ils entretenaient une relation fusionnelle, il se mettait à être assez froid avec elle. Kate avait mis ça sur le compte de l’éloignement, le vivant mal de son côté également. Une fois son diplôme d’infirmière en poche, Kate avait naturellement rejoint Laurent à Seattle, pensant que tout redeviendrait comme avant. Malheureusement, Laurent était de plus en plus distant avec elle, rentrait souvent très tard le soir, voir parfois pas du tout et était plus que vague dans ses explications.
Des larmes commencèrent à perler aux coins de ses yeux et je lui tapotais l’épaule dans un geste qui, je l’espérais, passait pour réconfortant.

- Et… Euh… Qu’est-ce qui t’as poussée à me suivre hier soir, Kate ?

- J… On devait sortir tous les deux hier soir, et au dernier moment, il m’a appelée en prétextant une réunion de dernière minute. Comme une conne, j’y ai cru ! Alors j’ai appelé des amies pour prendre un verre, elles m’avaient donné rendez-vous au Twilight. En allant au piano-bar, je suis passée devant un restaurant et je l’ai vu… Il était avec sa collègue Irina, seul. Et les regards qu’il lui lançait… Ce genre de regards m’étaient encore réservés, il y a quatre mois…

- Mais c’est peut-être un malentendu ! Peut-être qu’ils dînaient simplement en parlant boulot, non ? Tu as vu s’il se passait quelque chose entre eux ?

- Non… Je ne suis pas restée non plus pendant des heures à les regarder s’observer dans le blanc des yeux. Mais… Je sais qu’il y a quelque chose avec cette fille… Je le sens… Tu trouves ça normal, toi, que ton fiancé ne te touche plus ? Qu’il râle lorsque tu es tendre avec ? Non, ce n’est pas normal. Nous n’avons pas fait l’amour depuis que je suis à Seattle. Pour un peu, je penserai que j’ai la gale ! Et… quand je suis invitée à une soirée organisée par le journal ou que j’y passe simplement pour le voir, je remarque bien les petits gestes qu’ils ont l’un envers l’autre… Mais… Ce qui m’a poussée à me poser des questions, ce sont les regards compatissants et emplis de pitié de ses collègues … Alors quand je les ai vus, hier, j’ai vu rouge, j’ai bu, beaucoup et… Ben quand tu m’as attrapé le bras, j’ai pas réfléchi, j’ai voulu me venger et tu m’offrais une occasion en or… Tu vois, moi aussi dans un sens je me suis servie de toi, on est quitte, comme ça !

- Mouais… On fait une belle brochette surtout !

J’avais mal au cœur pour Kate… Alors que moi je souffrais mille morts à cause d’un amour illusoire, elle souffrait de voir son fiancé lui échapper un peu plus chaque jour. Je n’avais plus qu’une envie, en cet instant, trouver ce Laurent et lui dire le fond de ma pensée. Kate était une fille extraordinaire, mignonne, pleine d’humour, loin d’être une idiote… bref, le genre de nana que tout mec normalement constitué rêverait d’avoir. Et cet abruti ne trouvait rien de mieux qu’aller voir ailleurs ! J’étais dégoûté…
Kate me demanda si elle pouvait se prendre une douche et je lui montrais la salle de bains. Comme elle faisait à peu près la même taille que Rosalie, je pris un slim et une tunique – enfin je crois- dans les affaires de ma future belle-sœur pour les passer à Kate. En parlant de Rose, je trouvais ça vraiment bizarre qu’Emmett et elle ne soient toujours pas rentrés… J’appelai mon frère, et au bout de deux sonneries, je fus basculé sur la messagerie.

Allô ! Allô ! Allô ! Et ben non ! C’est l’répondeur !
J’suis pas là, alors laissez un message !


Emmett devait sûrement être au volant, il détestait répondre au téléphone en conduisant… J’appelai donc Rose et fus également basculé sur la messagerie après une sonnerie…

Bonjour ! Vous êtes bien sur le répondeur de Rosalie,
je ne suis pas disponible pour le moment, merci de laisser un message après le bip.

Mouais… Apparemment, Emmett ne conduisait pas… Ils avaient sûrement mieux à faire ces deux-là ! Peut-être baptiser le nouveau 4X4 de mon frère… Ouais, sûrement!
Kate sortit de la salle de bains et me trouva planté devant le téléphone.

- Merci pour la douche ! Bah, qu’est-ce que tu fais ? Tu comptes fleurette au téléphone ?

Elle me fit un petit clin d’œil malicieux et je ne pus m’empêcher de rire, enfin… ça se rapprochait plus d’une toux mélangée à un bruit de casserole. Putain, c’que ça fait du bien ! En 4 mois, cela ne m’était plus arrivé, ça me fit même bizarre de rire, j’avais l’impression que ça sonnait faux… J’en avais perdu l’habitude…
Apparemment, je devais faire une drôle de tête car Kate m’observait d’une étrange manière.

- Pourquoi tu as l’air à la fois crispé et étonné, Ed ?

- Ben… Parce que j’ai ri…

Les yeux lui sortirent de la tête puis elle explosa d’un rire tonitruant.

- Quoi ? Ne me dis pas que tu n’as jamais ri, je ne le croirai pas !

- Je n’ai pas dis ça, Kate… Simplement que… J’en avais perdu l’habitude, ça fait…

- Mouais, pas la peine de m’en dire plus, j’ai compris… Tu n’as pas rigolé depuis ce jour, hein ?

Je hochais la tête brièvement avant d’essuyer discrètement quelques larmes en passant les mains sur mon visage et dans mes cheveux, mais comme elles menaçaient de me trahir dans un avenir très proche, je prévins Kate que j’allais prendre une douche.

C’est grave ! V’là que j’me transforme en gonzesse chialeuse en prime ! Pathétique…

L’eau chaude m’apaisa légèrement et je restais sous la douche jusqu’à ce que le ballon d’eau chaude soit complètement vide. Je me séchais et m’habillais rapidement avant de rejoindre Kate qui était dans la cuisine. Nous discutions depuis un petit moment lorsqu’elle m’avoua qu’elle n’avait pas envie de rentrer tout de suite et rejoindre son fiancé.

- C’est pas que ça me dérange, Kate. Si tu veux rester ici à écouter les déplorables lamentations d’un pauvre mec pathétique, ça m'dérange pas, mais… Laurent ne va pas s’inquiéter s’il ne te voit pas rentrer ?

- Je ne pense pas… Il n’a même pas appelé pour savoir pourquoi j’ai découché hier soir ! J’ai voulu le joindre lorsque je suis montée prendre ma douche, mais il ne répondait pas !

- Euh… Tu n’essaierais pas de le rappeler ? Peut-être qu’il n’est pas arrivé à temps avant de décrocher ! Ou il a peut-être oublié son téléphone ! Tu lui as laissé un message ?

Elle secoua la tête brièvement en signe de dénégation puis sortit son portable de sa poche. Lorsque je vis qu’elle allait contacter son fiancé, je pris le café que je venais de me servir et allai dans le salon pour lui laisser un peu d’intimité, mais Kate n’y fit pas attention et se baladait partout pendant sa conversation.

- Mon amour ?
- …
- Oui, c’est moi ! Pourquoi, tu connais beaucoup de femmes qui t’appèlent « mon amour » ?
- …
- Non, tout va bien. J’ai juste fait la fête avec des copines hier soir et j’ai un peu trop bu, alors je suis restée sur place. Tu ne m’en veux pas ?
- …
- Ah bon ? Comment ça se fait ?
- …
- Vous avez des réunions la nuit aussi, maintenant ? Mais bien sûr !
- …
- Non, y’a pas de « Kate arrête de te faire des films » ! T’es jamais là ! Et quand tu daignes rentrer à la maison c’est pour regarder la télé ou pioncer !
- …
- Merde Laurent ! Arrête ça ! Au fait, t’étais où hier soir ?
- …
- Hein, hein… Et vous étiez nombreux au bureau ?
- …
- C’est bizarre parce qu’à l’heure où tu étais en réunion avec tes collègues, au bureau, j’ai vu ton sosie et celui d’Irina au « New Moon »…
- …
- Quoi ? Te fous pas de ma gueule, Laurent ! Je sais ce que j’ai vu ! Je…
- …
- Ouais bien sûr… C’est ça, on en discutera plus tard et comme d’hab’, tu te défileras… Allez va bosser ! Ciao !

Kate raccrocha rageusement son téléphone avant de se laisser tomber à genoux et de fondre en larmes. D’après le peu que j’avais compris, son fiancé lui mentait ouvertement… J’en étais malade de voir cette fille si gentille se faire manipuler par ce mec. Je ne connaissais pas Kate, hormis le peu d’informations que nous avions échangé, mais elle ne méritait pas ça…
Je m’approchais d’elle lentement et lui tendis une main pour l’aider à se lever ; elle la prit et se laissa faire. Je lui tapotais le dos quelques instants avant de la traîner dans l’entrée.

- Q-q-qu’est-ce que t-tu f-f-fais Ed ?

Elle sanglotait tellement que ses propos étaient à moitié compréhensibles.

- Allez viens, je connais le remède miracle pour les peines de cœur !

- Ta-ta-t’as entendu no-notre con-conversation ?

- Euh… Oui… Je ne t’espionnais pas mais… Quand tu téléphones, évite de te balader partout si tu ne veux pas qu’on t’écoute !

- Il-il-il m’a mentiiiiiii !

Ses pleurs redoublèrent et je la pris dans mes bras tout en nous balançant de droite à gauche. C’était… bizarre de l’avoir dans mes bras, ce n’était pas sa place… Non, c’était celle de Bel… NON ! Stop Edward ! Elle va se marier, ne l’oublie pas…

- Ssssssssh Kate… Allez viens, on y va.

- Où ça ? Pour faire quoi ?

- Au Twilight, s’en mettre une sévère ! Tu verras, ça fait du bien parfois.

Je lui fis un clin d’œil et elle me rendit un sourire faiblard, mais un sourire tout de même, puis sécha ses larmes tant bien que mal.


POV Jasper :

SCHKLINGZPAF !

- Et merde !

Putain ! C’est le cinquième verre que je casse depuis que je suis arrivé et que j’ai commencé la vaisselle… Foutue tremblote et foutus nerfs à la con !
Pourquoi j’ai ouvert le bar déjà ? Ah ouais, Bella qui me l’a demandé, ou plutôt ordonné…

Il est hors de question que tu loupes le travail et une partie de ton chiffre d’affaire à cause de moi, Jazz. T’inquiète, ça va mieux maintenant… Et ta petite femme reste avec moi, ainsi qu’Emmett et Rosalie. Et Tanya travaille ici, donc je suis bien entourée, ne te fais pas de soucis, Jasper.

Bella… Qu’est-ce que j’ai pu flipper pour elle hier soir ! Je ne suis pas le seul d’ailleurs, toute la bande a eu la trouille de sa vie… La voir convulser et surtout tordue par la douleur à cause des contractions m’avait brisé le cœur et donné des sueurs froides. J’entends encore ses cris à l’hôpital… Pas mes bébés, pitié tout sauf ça ! Sauvez-les ! Par pitié, sauvez-les !
Je vois encore Emmett lui tenir la main en pleurant. Ça m’a fait tout drôle de voir cette montagne de muscles s’effondrer en larmes et pleurer comme une madeleine… On a tous chialé comme des gonzesses de toutes façons… C’est qu’on l’aime notre petite Bella…
J’entends encore les paroles du médecin qui l’avait prise en charge…

C’était juste, vraiment très juste, mais tout est sous contrôle maintenant. Nous allons la garder ici en observation pendant quelques jours pour surveiller les bébés. Nous l’avons déjà placée sous monitoring et je puis vous assurer que hormis quelques contractions de Braxton-Hicks, qui sont sans effet sur l’ouverture du col, Mademoiselle Swann et les bébés vont bien. Je ne vais pas vous cacher que sa faible tension nous préoccupe, mais elle devrait remonter rapidement avec le traitement adéquat. Cependant, il faudra absolument lui éviter toute situation de stress intense ou choc émotionnel. Si cela devait à nouveau se produire, je ne suis pas certain que cette demoiselle pourrait mener sa grossesse à terme. Et pour être tout à fait franc, elle n’est pas encore assez avancée dans sa grossesse pour que l’on puisse envisager un accouchement prématuré sans risques et séquelles pour les enfants…

Putain, je vais lui faire la peau à ce con quand j’le verrai ! Qu’est-ce qu’il lui a pris de faire ça ? Pourquoi ? Cet abruti a failli tuer ses propres mômes et ne le sait même pas ! Qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ?
Bella était déjà malheureuse comme les pierres, mais là, elle est carrément brisée… On dirait une coquille vide… Elle joue les dures devant nous, mais j’ai bien vu son regard cette nuit, mort… Un regard mort et une main fantomatique constamment posée sur son ventre, c’est seulement à ça qu’on voit qu’il y a toujours une petite étincelle de vie chez cette fille…
Ah ! Des clients arrivent, ça va me changer les idées ! En plus, ils s’installent sur les tabourets ! Génial, va falloir que je me tape la discute… Mais bon, ça me fera du bien de penser à autre chose…

- Bonjour M’sieur, dame ! Vous désir… Ah ! C’est toi.

Putain ! Cet espèce d’enculé a le culot de se pointer ici, avec sa pouffe ! Il se prend pour qui celui-là ? Heureusement qu’Emmett n’est pas là, ça ferait désordre deux meurtres dans mon bar…
Calmes-toi, Jazz… Calmes-toi…

POV Edward :

Une quinzaine de minutes après avoir décollé de chez moi, nous arrivions au bar.
Alors que je m’attendais à trouver la bande, il n’y avait que Jazz. Il ne nous avait pas vu entrer, occupé à nettoyer quelques verres et le comptoir. Nous nous installâmes sur des tabourets face à lui.

- Bonjour M’sieur, dame ! Vous désir… Ah ! C’est toi.

Alors que sa voix était on ne peut plus enjouée, elle devint impitoyablement sèche et rude lorsqu’il s’aperçut que c’était moi. Son regard azur si perçant et chaleureux en temps normal était froid et meurtrier lorsqu’il nous fixa, Kate et moi, l’un après l’autre. Jamais je n’aurai pu imaginer voir Jasper avec une mine aussi patibulaire, un regard aussi assassin et parler sur un ton aussi âpre.

- Vous voulez boire quoi ?

Kate blêmit en entendant la voix de Jazz et passa sa commande en bafouillant.

- C’est quoi ton problème, Jazz ?

- Un problème, Edward ? Mais il n’y a aucun problème, voyons ! Où vas-tu chercher ça ?

Il m’avait répondu d’un ton dégoulinant de cynisme à chaque syllabe et son regard mauvais était vrillé au mien.

- Putain Jazz ! Te fous pas de ma gueule ! Qu’est-ce qu’il y a ?

- Mais rien voyons ! Tout va parfaitement bien !

Il me lançait des regards dédaigneux et regardait Kate comme si elle n’était qu’une vulgaire saleté sur sa godasse. Je la vis frissonner, l’ambiance génialissime dans laquelle nous nous trouvions n’y était pas étrangère.
Jasper posa violemment un verre de whisky devant moi avant de retourner à l’essuyage de ses verres et de nous ignorer royalement…
Je me levais si brutalement de mon tabouret qu’il tomba lourdement au sol puis passais derrière le comptoir. J’attrapais le poignet de Jazz et le forçais à me faire face.

- Bordel Jazz ! Tu vas me dire ce qu’il se passe, oui ou merde ?

Il ouvrit des yeux stupéfaits avant que son regard ne redevienne glacial et je vis ses mâchoires se crisper furieusement à cause de la tension ; ses joues frémissaient légèrement, mauvais signe…

- Tu te fous de ma gueule Edward ! Tu oses demander ce qu’il se passe ?

Son regard flamboyait de colère et ses poings étaient étroitement serrés, prêts à cogner. Toute son attitude était menaçante et je ne savais pas pourquoi.

- Ouais, j’ose. Donc je répète, Jazz, qu’est-ce qu’il se passe ?

- Tes neurones sont sérieusement cramés mon gars ! Bah, vu c’que t’as descendu ces derniers mois, c’est pas étonnant…

- Allez ! Encore une énième leçon de morale sur les méfaits de l’alcool !

- Ouais ben t’aurais p’t’être dû nous écouter plus tôt, connard !

- Putain Jasper ! C’est quoi ton problème ?

Il expira et inspira lentement puis passa ses mains sur son visage tout en marmonnant des « calmes-toi, Jazz, calmes-toi ». Il souffla lourdement une dernière fois avant de planter son regard meurtrier dans le mien et de parler d’une voix lente et basse.

- Bella, ça te rappelle quelque chose ? Apparemment pas…
Il me jeta un regard blasé et souffla avant de regarder Kate comme la dernière des merdes.

- Quoi Bella ? Malgré moi, ma voix trembla en prononçant son prénom.

- Comment ça « quoi Bella » ? T’es con ou tu le fais exprès ? Quatre mois que tu nous emmerdes avec ta Bella, que tu te laisses complètement dépérir parce que tu ne l’as pas près de toi et quand tu la vois, tu trouves rien de mieux que te jeter sur la première pouf qui passe ! C’est quoi ton problème Edward ?

- Premièrement, la pouf, comme tu dis, s’appèle Kate et elle ne mérite pas que tu l’insultes gratuitement. Deuxièmement, Bella avait bien mieux à faire que me voir ! Alors ouais, je me suis jeté sur Kate et on s’est barré !

Jazz éclata d’un rire sans joie et me regardait d’un air écœuré, le dégoût suintant par tous les pores de sa peau.

- T’es vraiment qu’un pauvre type, Ed… C’était quoi ton p’tit cinéma d’hier soir ? T’en avais ras le bol de souffrir dans ton coin alors tu t’es vengé sur Bella en levant la première nana qui passait à portée sous ses yeux ? Je ne te pensais pas capable de coups aussi bas…

- Me venger ? Mais tu délires, là !

Alors que le ton montait de plus en plus entre Jasper et moi, et que nous nous apprêtions à en venir aux mains, je vis du coin de l’œil que Kate contournait le comptoir, puis la sentis s’interposer entre nous.

- Euh… Écoutez les gars, je crois que…

- Toi la greluche, on t’a pas sonnée ! Lui cracha Jazz d’un ton sans équivoque.

- Tu lui parles pas comme ça, Jazz ! Elle ne t’a rien fait, alors respecte-la !

- Oh ! Excuse-moi de manquer de respect envers le nouveau grand amour de ta vie ! Parce que c’est comme ça que ça marche chez toi, hein Edward ? Une soirée de beuverie, une nuit au pieu et « boum ! » t’es amoureux fou ! Railla t’il.

- Mais tu délires, Jazz ! Y’a rien entre Kate et moi !

- Mais bien sûr ! Tu lui pourlèches la gueule, la pelotes devant la soi-disant femme de ta vie et l’emmènes chez toi pour baiser, mais y’a rien entre vous ?

- Exactem…

- T’es qu’une saloperie d’hypocrite, Edward ! Tu ne te rends pas compte de tout le mal que tu as causé hier soir ! Tu n’as pas vu l’état dans lequel était Bella après que vous soyez partis ! Tu…

- Mais qu’est-ce que ça peut lui foutre à Bella, hein ? Elle s’en fout de ma gueule, elle va se marier !

Jasper se figea brutalement et son visage fut vide d’expression pendant un bref instant avant qu’il n’explose de rire.

- Quoi ? C’est quoi cette pathétique excuse ?

- Ce n’est p…

- LA FERME VOUS 2 ! Hurla Kate en s’interposant entre nous et en nous écartant l’un de l’autre.

- Toi la pou…

- J’ai dit LA FERME !

Kate passa ses mains dans ses cheveux avant de souffler bruyamment et de nous regarder sévèrement l’un après l’autre.

- Maintenant on va aller s’asseoir, discuter et faire le tri car je crois qu’il y a quelques malentendus entre nous…

- Tu n’as pas à me di…

- Tais-toi et va t’asseoir ! Edward, toi aussi ! Allez, plus vite que ça !

Bon sang ! J’avais vu la Kate railleuse, la Kate marrante, la Kate compatissante et la Kate fragile, mais là, elle me faisait plus penser à un dragon qu’autre chose. Pour un peu, on verrait presque la fumée sortir de ses narines. Elle était carrément effrayante.

Jasper nous lança à chacun un regard méprisant mais finit par s’asseoir à une table et nous le rejoignîmes.

- Bon, premièrement Jasper, je ne suis ni une pouffiasse, ni une greluche. Deu…

- Ouais ! Et mon cul, c’est du poulet !

- La ferme j’ai dit ! Je crois qu’il y a de gros malentendus entre vous deux…

- Ah parce que te faire sauter par Edward c’est un malentendu peut-être ?

- Mais j’ai pas couché avec ! Si tu veux tout savoir, Jasper, on était même pas chez lui depuis cinq minutes qu’il me ronflait à la figure !

Kate riait encore en se rappelant ma tronche ce matin. Quant à Jasper, il la regarda attentivement, cherchant à déceler le vrai du faux dans ses expressions avant de se tourner vers moi. Puis il se figea et son visage prit une expression à la fois choquée et désolante à souhait. Il se tourna vers Kate et plongea son regard, qui s’était incroyablement adouci, dans le sien.

- Euh… Kate, c’est ça ? Ce… C’est vrai ? Vous n’avez pas…

Kate le regarda avec des yeux pétillants de malice et lui raconta, à ma plus grande honte, notre expérience avortée de la veille. Je ne savais pas pourquoi, mais cela avait l’air de soulager Jasper. Il soupira si longuement que je crus qu’il retrouvait son souffle après avoir été écrasé par un éléphant pendant des heures. Enfin, il se tourna vers moi avec un regard empli de tristesse et d’excuses silencieuses.

- Ed… Je suis désolé, je croyais… Mais comment tu voulais que je sache que tu ne l’avais pas culbutée ? Tu lui roules une galoche et la pelotes devant nous, c’était évident que tu allais te la faire ! Pourquoi t’as fait ça, Ed ? Pourquoi tu t’es barré comme ça avec Kate ? J’comprends pas Ed, personne n’a compris…

- J’en sais rien moi-même Jazz… Je crois que… que j’ai voulu passer à autre chose quand je l’ai vue…

- J’comprends pas ! Putain Ed, ça fait 4 mois que tu nous bassines avec Bella, 4 mois que tu ne vis plus, 4 mois que tu nous inquiètes ! Je sais qu’on ne se connaît pas depuis toujours, mais Alice, Rose et moi, on s’inquiète pour toi autant que ton frère ! Pourquoi passer à autre chose alors que tu pouvais enfin l’avoir !

- Bordel Jazz, t’as fumé quoi hier pendant qu’elle était là ? Elle va se marier !

Penser à Bella, en somptueuse robe blanche, au bras d’un autre me fit mal au point où je préférais qu’on m’arrache le cœur… Jasper, lui, me regardait comme si je débarquais d’une autre planète.

- Mais de quoi tu parles, Edward ? Qui va se marier ?

- Ben Bella ! Avec Black…

Kate posa sa main sur mon épaule lorsqu’elle vit mon expression passer de la tristesse au désespoir le plus profond et fusilla Jasper des yeux lorsqu’il explosa de rire.

- Ah ! Ah ! Ah ! Mais où est-ce que t’as été pêcher une idiotie pareille, Eddy ! Oh putain, c’est la meilleure celle-là !

- Merde ! J’t’ai déjà tout raconté ! Tu te rappèles quand je suis revenu ici aussi vite après le ballet, le mois dernier ? C’est parce que je les avais trouvés dans les bras l’un de l’autre… Et hier, elle lui saute au cou en hurlant « oui Jacob ! Bien sûr que je te dis oui ! ». J’étais peut-être rond comme une queue de pelle, mais…

- Ben justement, si tu picolais moins, tu ne te ferais peut-être pas de films…

Jasper me regardait tristement et me parlait comme s’il était en train d’expliquer quelque chose à un gosse de trois ans.

- De quoi tu parles, Jazz ?

- Bella ne va pas se marier, ni avec Jacob, ni avec personne d’autre…

- Expliques-toi !

Jazz se leva et expira lourdement en se tenant le visage dans les mains…

- Putain ! J’leur avais dit que c’était sûrement un malentendu, je m’en doutais… Je suis désolé Edward, je ne suis pas le mieux placé pour t’en parler, je… Bref, rassures-toi, Bella ne se marie avec personne. Et si tu ne te mettais pas carafe tous les jours et que tu nous avais écoutés lorsqu’on t’en parlait, tu le saurais depuis un mois ! Jacob Black va bien se marier, mais pas avec Bella.

Pour la première fois depuis longtemps, j’eus l’impression de pouvoir respirer pleinement. J’avais envie de rire, de chanter, de sourire… jusqu’à ce que je me rappelle de ma connerie monumentale de la veille, devant mon ange… Je me frappais le front sur la table en répétant inlassablement que j’étais le roi des cons et Jasper me mit une tape dans l’épaule avant de se lever.

- Explique-moi, Jazz ! J’ai besoin de savoir pourquoi j’ai tout foutu en l’air ! J’ai besoin de savoir pourquoi Bella a crié « oui » en sautant au cou d’un autre ! J’ai bes…

Ma voix commençait à flancher de nouveau, submergée par les sanglots qui menaçaient de s’échapper. Jasper passa derrière le comptoir et se saisit du téléphone, tandis que Kate me tapotait doucement le genou en me murmurant des « t’inquiète pas, ça va s’arranger ».

- Allo Tanya ? C’est Jasper ! Ça va?
- …
- Mouais bof ! Et Bella ?
- …

POV Jasper :

What’s the fuck ? C’est quoi ce délire?
Il a donc agi par pure jalousie et désespoir ? Putain, j’me doutais bien qu’il y avait un truc pas net là-dessous ! Mais si au moins il nous avait écouté ce con ! Un mois de perdu à cause d’un putain de malentendu… Ils sont vraiment graves ces deux-là, de vrais handicapés des sentiments !
Et cette Kate, j’ai vraiment dû lui foutre la trouille à cette pauvre fille… Elle est quand même correcte, elle a pas cherché à « abuser » d’Eddy et en plus, elle essaye de lui remonter le moral. Remarque, j’aurai bien voulu les voir hier soir, d’après ce qu’elle m’a raconté, ça valait le coup d’œil ! Un Ed rond comme une queue de pelle, qui l’appelle « Bella » et ronfle 30 secondes plus tard, c’est tordant ! Oooh… Il va en entendre parler pendant un bail, celui-là !
Il veut savoir, il veut savoir… J’peux rien lui dire, moi, c’est pas à moi de le faire ! Il est tellement malheureux… Il l’aime plus que tout, ça se voit aussi clairement que le nez au milieu de la figure. Bon, j’vais appeler Tanya, on sait jamais, peut-être qu’elle aura une solution…

- Allo Tanya ? C’est Jasper, ça va ?

- Eeeeh ! Salut Jazz ! Je vais bien et toi ?

- Mouais bof ! Et Bella ?

- Bella va mieux. Enfin… physiquement, ça va. Les bébés sont tirés d’affaire et on l’a transférée au service des grossesses pathologiques.

- Hein, hein… Hein, hein... Pfff… C’est bon alors ?

- Oui, ça va. Sa tension est légèrement remontée et si les monitorings et résultats d’analyses sont bons, Bella devrait sortir demain, après-demain au plus tard.

- Ok ! Ouais, sinon y’a Edward qui est ici…

- QUOI ?! Qu’est-ce que cette sale petite ordure fout ici ? Après ce qu’il a osé faire en plus ! Tu lui en as collé une, j’espère !

- T’énerve pas Tanya ! Tu ne sais pas tout, on s’est bien planté en fait. Je me doutais bien qu’il y avait un énorme malentendu là-dessous, il a cru que Bella acceptait une demande en mariage de Jake…

- Comment ? Jake et Bells ? Faut vraiment qu’il arrête la bouteille ! Ok, je veux bien admettre qu’il a fait une erreur, mais merde ! Y’a eu des conséquences tout de même ! Regarde dans quel état il a mis Bella !

- Ouais, je sais qu’il y a eu des conséquences…

- Tu m’étonnes ! Tu lui as dit où ses conneries avaient conduit la «femme de sa vie» ?

- Non, c’est pas à moi de lui dire. T’as bientôt fini ?

- Je viens juste de finir mon service, pourquoi ?

- Tu pourrais passer au bar ? Qu’on en discute avec lui ?

- Pfff… J’ai pas vraiment envie de voir sa gueule… Mais bon, si nous avons une chance de lui remettre les idées en place pour qu’il se bouge le cul, j’accepte de le voir. Je fais pas ça pour lui, je le fais uniquement pour Bella. Je pourrais être là d’ici… une demi-heure, ça te va ?

- D’ici une demi-heure ? C’est génial ! On t’attend ! Oh, je vais fermer le bar, j’ai vraiment pas la tête à bosser aujourd’hui… Tu fais sonner le téléphone quand t’arrives, ok ?

- Pas de soucis Jasper, je te bipe dès que je suis au coin de la rue. Allez, à tout de suite!

- Ok, à tout’ !

Cool, Tanya va passer ! On va pouvoir mettre les choses à plat avec Edward ! Quoique… il mériterait bien quelques pains bien placés pour ce qu’il a fait ! Si au moins, ça pouvait le pousser à se bouger et aller voir Bella…
Bah qu’est-ce qu’il a à me reluquer comme ça ? J’ai un troisième œil ? Le nez au milieu du front ? Un anus à la place de la bouche ?

POV Edward :

Je n’y comprenais rien. Jasper téléphonant à Tanya… Mon ex ? Impossible, il ne peut pas la connaître ! Et c’était quoi cette histoire de conséquences ? Et son brusque soulagement ? Je nageais en plein brouillard et pourtant, pour une fois, j’étais à peu près sobre…
Jasper ferma le bar puis revint s’asseoir avec nous ; il avait l’air épuisé.

- Euh… Jazz, c’était qui cette Tanya ?

- Bah c’te question, ton ex ! La fille qui est avec Jacob !

- Et… Tu les connais depuis quand ?

- Un peu moins d’un mois, c’est Bella qui nous les a présentés ! D’ailleurs, Emmett et Rose s’entendent très bien avec !

Ne comprenant rien à ce qu’il se passait, je secouais ma tête d’un air dépité et partis me faire un café que j’arrosais d’une copieuse rasade de cognac.
Je retournais m’asseoir avec Jazz et Kate qui discutaient de tout et rien. Jasper n’arrêtait pas de s’excuser auprès d’elle pour son comportement plus que désobligeant et la remerciait de m’avoir remonté les bretelles ce matin. Il fit sacrément la gueule lorsqu’il apprit que Kate était fiancée mais eut de la peine pour elle lorsqu’elle lui expliqua la situation avec Laurent.

- Mouais… Bref, toi aussi t’étais prête à te venger de ton fiancé hier soir en couchant avec le premier venu, en gros !

- Ben… Oui. Quand j’ai vu qu’une fois de plus il m’avait raconté un bobard, j’ai vu rouge et… enfin tu vois !

- Pas génial comme histoire… Et tu vas faire quoi maintenant ?

- Déjà écouter ce que Laurent va encore me sortir comme salade… et si je vois qu’il n’y a plus rien de possible entre nous, me prendre un appart.

- T’as un boulot à Seattle ?

- Je commence la semaine prochaine à l’hôpital ! Mon premier vrai poste !

- L’hôpital ? Tu fais quoi comme boulot ?

- Je viens de passer mon diplôme d’infirmière, spécialisée en néonatalogie. J’aurai préféré devenir pédiatre, mais je n’avais pas les moyens de payer mes études de médecine, et comme je voulais travailler dans le domaine de la médecine infantile, je me suis rabattue sur les soins infirmiers. Mais je ne le regrette pas, j’adore ce métier !

Le téléphone de Jasper sonna une fois et il se leva pour ouvrir la porte du bar.
Tanya fit son apparition en m’assassinant du regard. Elle était toujours aussi belle, mais toujours aussi artificielle.

- Edward.

- Tanya.

Ouais, super ! Miss glaçon venait de faire son entrée…

- Salut Jazz !

Elle lui plaqua une bise sur la joue et lui accorda un sourire éblouissant.

- Salut la belle !

- Mademoiselle.

- Kate, c’est comme ça que je m’appelle.

Tanya nous ignora superbement et se tourna vers Jasper après s’être assise.

- Alors, c’est quoi cette histoire de mariage de Bella ?

Jasper lui raconta donc ce que j’avais vu à deux reprises ou plutôt ce que j’avais cru voir et Kate lui confirma qu’il ne s’était rien passé entre nous. Tanya se calma immédiatement envers ma nouvelle amie, mais elle resta toujours aussi glaciale avec moi…

- T’es vraiment con Edward, tu le sais ça ? Mais bon, je peux admettre que la situation pouvait porter à confusion…

- Mais comment voulais-tu que je le sache ?

- Ben tout simplement en demandant, crétin !

- Mouais, pas con… Mais ça ne m’explique toujours pas ce que Bella faisait dans les bras de Jake le mois dernier, ni le « oui » d’hier !

Je ne m’étais même pas aperçu que les larmes avaient recommencé à couler ; ma voix plaintive et étranglée m’en informa.
Tanya m’observa attentivement pendant quelques instants et son regard finit par s’adoucir. Elle posa sa main sur la mienne et la tapota doucement.

- Eh bé ! Quand les autres m’en parlaient, j’avais du mal à le croire, je ne te connaissais pas comme ça… Tu es réellement mordu, hein ? Pfff… Le soir du ballet, j’étais de service et je voulais absolument parler de quelque chose avec Bella avant qu’elle ne reparte en tournée. Cela faisait quelques années que nous ne nous parlions plus, depuis que je lui avais piqué son petit ami, Jacob, et Bella me manquait, elle avait toujours été ma meilleure amie. Je reconnais que lui piquer son mec était dégueulasse, mais que veux-tu, j’étais une gamine à l’époque… Enfin bref ! Jacob m’a demandée en mariage et je voulais que Bella soit mon témoin. Comme je n’avais aucun moyen pour la contacter, ni téléphone ni adresse, et que je ne pouvais pas le lui demander moi-même, j’ai envoyé Jack. Si tu les as trouvés dans les bras l’un de l’autre, c’est parce qu’ils venaient enfin de faire la paix et Bella était ravie pour Jacob et moi, elle a accepté d’être mon témoin. Elle m’a fait un magnifique cadeau ce jour-là, elle ma redonné son amitié. Et hier soir, elle m’en a fait un plus beau encore… Le « oui » que tu as entendu était bien la réponse à une demande, Edward, mais pas pour un mariage. Elle a accepté d’être la marraine de notre bébé…

Un « oh ! » fut tout ce que je réussis à dire après toutes ces révélations.

Mais qu’est-ce que j’suis con !
J’te l’fais pas dire…

Je regardais Tanya, elle était tout simplement rayonnante de bonheur et caressait tendrement son ventre plat mais porteur de vie.

- Euh… Et bien des félicitations s’imposent, je crois ! Je… je te souhaite tout le bonheur du monde, Tanya, et à Jake, aussi. Tu en es à combien ?

- Oh, c’est le début, j’entame ma septième semaine !

Elle éclata d’un rire joyeux et essuya une larme qui perlait au coin de ses yeux, puis son regard s’attrista et se fixa au mien.

- Tu sais que t’as agi comme le dernier des abrutis, Edward ? Tu ne te rends même pas compte de tout le mal et toute la peine que ce simple malentendu a provoquée… Pourquoi tu n’as pas cherché à t’expliquer avec Bella dès le départ ?

- Je… J’ai… J’en sais rien…

J’enfouis soudainement mon visage entre mes bras posés sur la table tandis que Tanya me frottait le dos.

- Tu sais, Edward, dans le genre prise de tête et « j’me fais des films », tu as toujours fait fort, mais jamais je ne t’avais vu aussi torturé… Même ton propre frère ne te reconnaît plus ! Et honnêtement, ce que tu t’envoies tous les jours n’arrange rien, tu le sais, non ? Ressaisis-toi, bordel et bouge ton cul !

Comme si je ne le savais pas que j’étais torturé… Comme si je ne le savais pas que je ne dessaoulais pas depuis 4 mois… Comme si je ne le savais pas que j’étais le dernier des cons…
Je devais absolument la retrouver, il le fallait à tous prix… Même si je m’attendais à me prendre une sacrée claque suite à ma connerie monumentale d’hier soir, ce qui serait amplement mérité…
Je me perdais dans mes remords et mes regrets tout en me maudissant intérieurement d’avoir tout gâché. Bella ne voudra certainement pas me voir après le spectacle que je lui avais offert la veille et c’était tout à fait compréhensible, mais je devais essayer…

- Euh… Tanya, il faut… il faut que je la voie. Sais-tu où je peux trouver Bella ?

Pour toute réponse, j’entendis deux halètements. Je levais la tête pour voir Jasper et Tanya se regarder droit dans les yeux, comme s’ils conversaient silencieusement. Ils avaient l’air mal à l’aise et ne répondaient, ni l’un, ni l’autre…

- Tanya ! S’il te plaît… Dis-moi où elle est…

Jasper haussa les épaules et lui fit un bref signe de tête, puis Tanya se tourna vers moi et plongea son regard dans le mien. Elle m’observa longuement et me donnait l’impression d’être jaugé. Enfin, elle me fit un petit sourire triste et se décida à me répondre.

- Bella est… Elle est à l’hôpital…

- QUOI ? Qu’est-ce qu’elle a ? C’est grave ? On peut la soign…

Je ne m’étais aperçu que je m’étais brusquement levé, envahi par la panique à l’idée que quelque chose de monstrueux ne soit arrivé à ma douce, que lorsque la chaise se fracassa au sol et que Jasper me ceintura de ses deux bras pour me retenir alors que je fonçais déjà vers la sortie.

- Ed ! Calmes-toi bon sang ! S’écria t’il en me maintenant toujours fermement.

- Edward, Bella va bien, ne t’inquiète…

- Putain Tanya ! Comment tu veux que j’me calme ? Tu m’dis qu’elle est à l’hosto et…

- Oui, je sais, elle est à l’hôpital, mais ça va maintenant ! Elle a eu des… elle a fait un malaise hier soir et on a préféré la conduire à l’hôpital, mais ne t’inquiète pas, maintenant tout est sous contrôle !

- Quoi ? Comment ça « tout est sous contrôle » ? Vous m’cachez quoi, bordel ?

- Rien. On ne te cache rien. Maintenant tu te calmes parce qu’il est hors de question que tu la stresses d’avantage dans son état !

- Qu’est-ce qu’elle a ?

Je n’en pouvais plus. Ils n’arrêtaient pas de me balancer leurs « t’inquiète pas », « faut pas la stresser » alors que ma Bella était clouée sur un lit d’hôpital, dieu seul savait dans quel état ! Et ça voulait dire quoi leurs échanges de regards et le « tout est sous contrôle » ?
Jasper me tenait toujours et Tanya posa ses mains sur mon visage, me forçant à la regarder.

- Écoute-moi, Edward. Bella va bien maintenant. Elle est juste… épuisée et a besoin de se reposer. D’accord ?

Je hochais bêtement de la tête en tentant de digérer l’information mais ne pensais qu’à une chose, la voir. Absolument.

- J-je dois la voir… Je dois lui parler… lui expliquer… m’excuser… Maintenant…

Alors que je filai en direction de la sortie, Jasper m’agrippa le poignet et me retint de force.

- Edward, il n’est pas question que tu prennes la route, t’as bu ! Même si tu es à peu près clean, tu ne peux pas prendre le volant dans cet état…

- Mais je dois la voir !

- Je t’emmène… Vous restez là, les filles ?

Tanya et Kate lui répondirent d’un bref hochement de tête et se mirent à discuter de tout et de rien pendant que je trépignais d’impatience alors que Jasper mettait un temps fou à prendre ses papiers et ses clefs. Une fois dans la voiture et la ceinture attachée, il mit le contact puis démarra. La route jusqu’à l’hôpital me parut épouvantablement longue et je m’inquiétais de savoir dans quel état j’allais trouver ma pauvre Bella…
Enfin, nous arrivâmes à destination ! Jasper me prévint qu’il restait dans la voiture à m’attendre. Je filais à l’accueil. Une hôtesse blonde, siliconée au-delà de l’imaginable et maquillée à outrance me fit un sourire qui se voulait aguicheur en papillonnant des cils.

- Bonjour monsieur, vous désirez un renseignement ?

- Euh… Bonjour. La chambre de mademoiselle Swann, s’il vous plait.

Elle tapota quelques instants sur le clavier de son ordinateur avant de me répondre d’une voix lasse et légèrement déçue.

- Troisième étage, service gynécologie-obstétrique, pathologie couloir B, chambre 348.

Je marmonnais un bref « merci » avant de filer en direction des escaliers, les ascenseurs étant bondés. Je survolais littéralement les marches puis arrivais finalement à l’étage indiqué. Je courus dans le couloir, cherchant la chambre 348. La porte était grande ouverte, Bella était allongée sur son lit, le visage pâle, une main posée sur son ventre, une perfusion accrochée à son bras et des capteurs posés à différents endroits sur son ventre, reliés à une espèce d’oscilloscope, et un homme grand et blond, les cheveux longs noués en catogan et vêtu d’une blouse blanche était assis à côté d’elle, il lui tenait son autre main en lui parlant doucement.

- … laisse-moi être là pour toi, Bella. Surtout maintenant, tu en as besoin… Tu peux compter sur moi, tu le sais.

- Garrett je… je sais mais…

Il la fit taire en posant son index sur ses lèvres. Je brûlais de lui arracher son foutu doigt qui osait souiller le corps de ma déesse…

- Tu sais que je suis fou de toi depuis ce soir-là, Bella… Tu n’as qu’un mot à dire et je suis à toi. Laisse-moi t’aimer, Bella…

Elle lui fit un faible sourire et resserra ses doigts autour de la main de ce « Garrett ». Il posa sa main sur le ventre de mon ange et le caressa doucement. Elle gémit faiblement en prononçant son prénom et il prit cela comme une invitation à l’embrasser. Il s’empara de ses lèvres et Bella se figea. Des larmes roulèrent silencieusement sur ses joues et je me figeais à mon tour, cloué sur place par la douleur, lorsqu’elle s’abandonna à lui et répondit à son baiser. Elle se recula et posa sa main sur la joue de ce type puis ouvrit les yeux.

- Garrett, je…je ne… Edward ?

J’avais dû faire du bruit s’en m’en apercevoir et les grands yeux chocolat de Bella, emplis de souffrance, de tristesse et de surprise s’étaient fixés sur moi. Je fermais les yeux et baissais la tête ; j’avais mal, d’accord, mais je n’avais pas mieux agi la veille… Je devais lui parler, seul à seule, lui dire ce que j’éprouvais pour elle, que je l’aimais à en crever…
J’ouvris les yeux et mon regard se posa sur son ventre. Elle le caressait doucement d’une main et l’autre avait toujours sa main dessus. J’aperçus alors un très léger renflement…
Service gynécologie-obstétrique… le monitoring…
Tu sais que je suis fou de toi depuis ce soir-là… Laisse-moi être là pour toi… Surtout maintenant…
Elle est enceinte… Garrett… Mais quel con !

- Je… je suis content de voir que tu vas bien, Bella… J-je dois y aller… Au-revoir.

Je fis rapidement demi-tour et m’enfuis le plus loin possible… Elle méritait d’être heureuse et apparemment, je n’étais pas celui qu’il lui fallait…
J’aurai pu l’être si je ne m’étais pas fait autant d’idées pendant ces longs mois…
Je quittais au plus vite l’étage et la future parfaite petite famille, faisant abstraction des « Edward » déchirants qui résonnaient dans le couloir…